Amazon est-il en train de remplacer bpost par ses propres coursiers?

Le géant de l’e-commerce Amazon commence à faire livrer des colis par des sous-traitants locaux, gérés par l’entreprise elle-même. Quels risques pour bpost, jusque-là partenaire quasi exclusif?

Après sa présence grandissante dans les supermarchés, Amazon ajoute une nouvelle pierre à l’édifice de son empire: la société américaine commence à avoir recours à sa propre entreprise de sous-traitants, pour effectuer des livraisons. Depuis plusieurs semaines, l’entreprise de Jeff Bezos fait livrer des colis en Belgique par des sous-traitants locaux, mais qu’elle gère elle-même (n’employant pas encore son propre personnel de livraison, comme elle le fait dans d’autres pays).

La raison pointée par la porte-parole Julie Valette, dans le Standaard, est que le nombre de commandes est croissant. « Un seul partenaire ne peut pas continuer à y répondre », explique-t-elle.

1 colis sur 5

Pour bpost, les commandes d’Amazon représentent un colis sur cinq, à Bruxelles et en Wallonie, et dans une moindre mesure en Flandre. Le manque à gagner pour la société belge de droit public serait alors colossal, surtout qu’Amazon entend étendre son initiative. Mais du côté d’Amazon, Julie Valette tempère: l’expansion du réseau n’équivaut pas à un nombre moins important à traiter pour bpost. Laura Cerrada-Crespo, porte-parole du service postal, a également affirmé dans Sudpresse que les deux sociétés restaient partenaires.

Mais comment cela va-t-il évoluer à terme? Les craintes, autant dans le management que dans les syndicats, sont qu’Amazon veuille récupérer les zones densément peuplées, où il est plus rentable de livrer des colis, car il est possible de faire moins de kilomètres mais de distribuer de nombreux colis. Les zones plus reculées et moins densément peuplées seraient alors laissées à bpost, mais cette exploitation est beaucoup moins rentable. Un argument souvent avancé par les défenseurs du service public, contre la privatisation de certains secteurs, notamment les colis et les courriers.

Concurrence grandissante

Amazon est un important client, mais bpost en dispose d’autres, Zalando par exemple. Pour ce site de vente de vêtements, bpost livrait 190.000 colis par jour, en 2017. En 2020, le volume est monté à 537.000 colis par jour.

Autre problème que celui d’Amazon, bpost se fait également chiper des parts du marché par de nombreux acteurs, tels que PostNL et GLS. Des entreprises qui ne livrent que les colis et ne s’occupent pas d’autres services postaux, et qui font appel à des sous-traitants indépendants pour réduire leurs coûts. Une pratique jugée problématique et qui vaut des poursuites à ces deux entreprises, pour fraude sociale structurelle et contrats de travail abusifs.

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