Principaux renseignements
- Les pays africains mettent en place leurs propres réseaux de paiement afin de réduire leur dépendance à l’égard du dollar américain pour les échanges commerciaux.
- Le système panafricain de paiements et de règlements (PAPSS) permet aux entreprises africaines d’effectuer des transactions en monnaie locale au lieu de dépendre du dollar américain, afin de réduire les coûts de transaction et de promouvoir le commerce intracontinental.
- L’Afrique pourrait réaliser des économies annuelles de l’ordre de 5 milliards de dollars (4,3 milliards d’euros) en utilisant les monnaies locales pour les échanges commerciaux.
Les pays africains s’emploient activement à mettre en place leurs propres réseaux de paiement afin de réduire leur dépendance à l’égard du dollar américain pour les échanges commerciaux. Cette démarche vise à réduire les coûts de transaction et à promouvoir le commerce intracontinental, ce qui, en fin de compte, renforce l’autonomie financière.
Le système panafricain de paiements et de règlements (PAPSS) est le fer de lance de cette initiative, qui permet aux entreprises africaines d’effectuer des transactions en monnaie locale au lieu de dépendre du dollar américain. Le PAPSS a déjà été mis en œuvre dans 15 pays et compte plus de 150 banques commerciales participantes. Alors que certains pourraient y voir une dédollarisation, Mike Ogbalu, PDG du PAPSS, souligne que l’objectif premier est de réduire les coûts commerciaux en améliorant l’accès aux monnaies tierces.
Économies potentielles
Le PAPSS estime que des économies substantielles peuvent être réalisées. Une transaction commerciale intra-africaine de 200 millions de dollars engendre généralement des coûts de 10 à 30 pour cent en utilisant des règlements en dollars. L’utilisation de monnaies locales comme le naira nigérian ou le rand sud-africain pourrait ramener ces coûts à seulement 1 pour cent. Cela se traduit par des économies annuelles potentielles de l’ordre de 5 milliards de dollars pour l’Afrique.
Le soutien mondial
La Société financière internationale (SFI) soutient cette évolution en émettant des prêts en monnaies africaines, protégeant ainsi les emprunteurs de la volatilité associée aux dettes libellées en dollars.
Selon l’Agence des Nations unies pour le commerce et le développement, les coûts de transaction élevés, l’insuffisance des infrastructures et la rigidité des systèmes financiers font que l’Afrique réalise 84 pour cent de ses échanges commerciaux en dehors du continent. On estime que le commerce intra-africain est 50 pour cent plus cher que la moyenne mondiale. Consciente de ces défis, l’Afrique du Sud a mis au premier plan la question des transactions en monnaie locale.
Défis à venir
Cependant, l’évolution vers des systèmes de paiement régionaux s’est heurtée à l’opposition du président américain Donald Trump, qui a menacé de tarifs douaniers punitifs les nations qui cherchent à réduire leur dépendance à l’égard du dollar américain. La position de Trump complique la situation pour les pays qui visent l’indépendance économique.
Alors que les dirigeants financiers africains soulignent que la rentabilité et la souveraineté sont les principaux moteurs du changement, certains analystes avertissent que l’Afrique pourrait s’empêtrer dans une lutte géopolitique plus large. Malgré les vents contraires géopolitiques potentiels, les nations africaines semblent résolues à mettre en place des systèmes financiers nationaux qui offrent une plus grande résilience et une plus grande indépendance face à l’augmentation des coûts commerciaux et des risques de change.