Les banques centrales font le plein d’or comme jamais auparavant

Les banques centrales remplissent leurs réserves d’or, à une vitesse record. C’est notamment le cas en Asie, où certains pays sont las de la domination du dollar. Le pari sur le métal précieux comporte néanmoins un risque.

Dans l’actu : les chiffres trimestriels des achats d’or des banques centrales.

  • Les réserves d’or des banques centrales ont augmenté de 228,4 tonnes, selon un rapport du World Gold Council, consulté par Markets Inider. Ce serait le chiffre le plus élevé pour un premier trimestre, de tous les temps. C’est aussi une hausse de 176% par rapport au trois premiers mois de 2022.
  • Cela fait déjà un moment que les banques centrales font le plain d’or : les ajouts du troisième (ajout de 458,6 tonnes aux réserves) et quatrième trimestre de 2022 (378,6 tonnes) battaient déjà des records.
  • La Banque centrale de Singapour a acheté la plus grosse quantité, à savoir 69 tonnes. Pékin arrive en deuxième place, avec 58 tonnes. Ankara clôt le podium avec 30 tonnes.
    • Cela fait 6 mois de suite que la Chine augmentes ses réverves d’or.
    • Les pays asiatiques achètent d’ailleurs beaucoup d’or russe, boudé par l’Europe.
  • Le World Gold Council s’attend à ce que la demande des banques centrales reste « robuste ».

En ligne de mire : le dollar et la récession.

  • L’année dernière, le dollar, traditionnelle devise de réserve des banques centrales, était en forte augmentation par rapport à d’autres devises, mettant les pays sous pression, autant pour leur commerce que pour leurs dettes.
  • Les pays émergents, fatigués des sanctions américaines, ont entamé un parcours de dédollarisation pour tenter d’en atténuer l’impact.
  • Cette année, le dollar est rentré dans les rangs. La raison ? La réserve fédérale américaine (Fed) devrait mettre un terme à sa politique de hausse des taux d’intérêt, qui est en avance par exemple sur la politique de la BCE.
  • Ensuite, des risques de récession planent sur l’économie américaine. Tout indique que le dollar vivra une année 2023 compliquée. Bref, le dollar pourrait encore perdre en valeur, et avec lui les réserves des banques centrales. Ces dernières anticipent la récession avec de l’achat d’or, qui devrait lui augmenter.
    • Le prix de l’or, traditionnelle valeur refuge, est d’ailleurs en hausse, dans ce contexte de craintes de récession. À l’heure d’écrire ces lignes, l’once vaut 2.024 dollars, un prix proche du record. L’or a gagné plus de 10% depuis le début de l’année, soit plus que le S&P 500 par exemple (8%). Le prix du métal précieux augmente surtout depuis la mi-mars.

Mais : l’appétit pour l’or n’est pas toujours un bon calcul.

  • Si l’économie américaine et mondiale se porte finalement mieux que prévu, les banques centrales courent le risque d’avoir dépensé beaucoup d’argent pour acheter de l’or, et de voir leurs réserves perdre en valeur.
  • En outre, de manière générale, les tentatives de dédollarisation restent très marginales. On est très loin de la fin du roi-dollar.
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