Plafond d’émissions de CO2 abaissé : un joli cadeau de Biden à Elon Musk et Tesla

Ce n’est pas un secret, le PDG de Tesla, Elon Musk, entretient des relations houleuses avec le président américain Joe Biden. Il lui reproche notamment son manque de considération envers son entreprise de voitures électriques. Mais la récente proposition de l’Agence pour la protection de l’environnement (EPA) pourrait bien réconcilier l’entrepreneur avec l’administration Biden.

L’actualité : L’EPA a soumis, cette semaine, à la consultation du public une proposition visant à réduire les plafonds de pollution que les voitures sont autorisées à émettre pour les modèles de 2027 à 2032.

  • Une mesure qui vise à ce que deux tiers des voitures vendues dans le pays en 2032 soient électriques, soit un objectif supérieur aux ambitions dévoilées par le président Joe Biden il y a deux ans. À cette époque, il souhaitait que la moitié des voitures vendues aux États-Unis en 2030 soient sans émissions (électriques, hybrides rechargeables ou à hydrogène).
  • Ces nouvelles normes « devraient permettre d’éviter près de 10 milliards de tonnes d’émissions de CO2 (d’ici 2055), soit plus du double des émissions totales de CO2 aux États-Unis en 2022 », indique l’EPA dans un communiqué.

Le détail : si cette proposition venait à être adoptée, cela forcerait les constructeurs automobiles à fabriquer beaucoup plus de véhicules électriques et donc, à faire une croix sur leurs modèles thermiques.

  • Cela provoquerait un énorme bouleversement chez les fabricants automobiles, car ils devraient faire une croix sur une transition mesurée vers l’électrification de leur production, au profit d’une transition accélérée qui pourrait mettre en péril leur rentabilité.
  • De quoi leur porter d’une certaine manière préjudice. Un préjudice dont ne souffrirait pas Tesla.

Une fleur pour Tesla

Cette proposition pourrait en effet être un cadeau tombé du ciel pour le leader mondial des voitures électriques, car elle pourrait freiner, durant un temps, la concurrence.

  • Accélérer l’électrification du parc automobile reviendrait à entraver la concurrence puisque cette dernière devrait assumer des investissements massifs pour se mettre en règle.
    • Si l’ensemble des chaînes de montage de Tesla produisent des véhicules électriques, ce n’est pas le cas chez les autres constructeurs automobiles. Ce type de véhicules ne représente qu’une part infime de leur production, même si certains font des efforts à ce sujet.
    • Développer cette part de leur activité coûterait des milliards de dollars, de même que se débarrasser des chaînes de montage de voitures thermiques serait également très coûteux.
  • Les constructeurs automobiles traditionnels se montreraient également moins menaçants pour Tesla durant cette transition accélérée, car ils devront gérer toutes sortes de complications qui accompagnent souvent les grandes transformations d’entreprise.
  • De quoi laisser le champ libre à Tesla pour conquérir le cœur de nouveaux clients, avec notamment son modèle abordable qui se fait attendre.

À noter : en poussant à l’électrification automobile, Biden ne pourra plus faire l’autruche vis-à-vis de Tesla.

  • Pour rappel, lors de ses derniers discours à ce sujet, le président américain s’est bien retenu de parler du leader mondial en la matière.
  • Une absence qui n’est pas passée inaperçue auprès du public, mais aussi d’Elon Musk, à qui ça n’a évidemment pas plu.
  • Récemment, les deux parties semblent avoir compris qu’elles ne pourraient pas se passer l’une de l’autre.

Les constructeurs et consommateurs seront gagnants

Dans le cadre de sa proposition, l’EPA a calculé que si elle était adoptée, la part des ventes de voitures électriques neuves pourrait passer de moins de 6% actuels à environ 67 % d’ici 2032. Elle reconnaît cependant que sa proposition pourrait être douloureuse, mais qu’au final, les avantages totaux dépasseraient les coûts totaux.

  • Les constructeurs pourront faire peser les coûts supplémentaires de fabrication des véhicules électriques sur les consommateurs.
  • Ces derniers pourraient accepter de payer plus cher, car les coûts d’entretien et de réparation seraient inférieurs à ceux d’une voiture thermique.
  • À cela s’ajoutent les économies en matière de carburant, ainsi que les éventuels avantages fiscaux.
  • Au final, chaque partie pourrait s’y retrouver, assure l’EPA.

Des contraintes trop élevées

Malgré cela, financer une transition rapide de l’électrification automobile est un pari risqué pour les constructeurs.

  • Les coûts des investissements à mettre en place sont en effet trop importants.
  • Cela pourrait se répercuter sur la valeur de leurs actions et donc, les faire chuter.

La proposition de l’EPA fera sans doute face à une importante levée de boucliers qui découlera vers une version allégée, voire l’abandon de cette mesure, surtout si le futur successeur de Biden – qui sera élu en 2024 – se montre moins favorable à l’électrification automobile.  

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