Meta a dépensé des milliards pour nous convaincre que son métavers était la prochaine révolution. Sans grande réussite (pour le moment). De quoi faire réfléchir son fondateur ?
Mark Zuckerberg est-il en train de discrètement enterrer le métavers au profit de l’IA ?
Pourquoi est-ce important ?
La plus grande qualité de Mark Zuckerberg est sans doute de flairer l'air du temps. C'est grâce à son instinct qu'il a mis en place les bases de ce qu'est Facebook aujourd'hui, plus qu'à ses compétences techniques. Mister Z est capable de s'adapter très rapidement à ce qu'il pense être la prochaine grande révolution après internet, le smartphone et les réseaux sociaux.Le milliardaire était persuadé il y a quelques années que cette prochaine révolution serait le métavers, un monde virtuel dans lequel nous interagirions pour toutes sortes de choses : l’enseignement, la santé, le business, nos achats, et plus encore, avec comme moyen de communication les fameux casques de réalité virtuelle ou augmentée.
Le bilan est aujourd’hui très maigre :
- Reality Labs, la division qui abrite les projets de métavers, a enregistré une perte cumulée de près de 24 milliards de dollars en 2021 et 2022.
- Pour son métavers, Meta a brulé de l’argent à un rythme inégalé et envisageait encore récemment d’injecter 70 milliards de dollars dans son projet pour les prochaines années.
- Les résultats sont pour le moment désastreux : Horizon Worlds, l’un des métavers dédiés au gaming créé par Meta, rassemble seulement 200.000 visiteurs par mois au lieu des 500.000 attendus, ce qui était déjà un objectif minimal.
- Les investisseurs étaient très inquiets : l’année dernière, Meta a lâché 70% de sa valeur, la plus grosse chute sur les marchés parmi les GAFAM. Certes, le contexte macro-économique très peu favorable n’a pas aidé, mais Meta a aussi perdu la confiance des investisseurs.
- À tel point qu’il a un moment été envisagé ou en tout cas évoqué que Mark Zuckerberg fasse un pas de côté.
Le retour de Meta dans les grâces du marché
En début d’année, la spirale négative s’est complètement inversée pour Meta :
- Et c’est tout sauf un hasard si ce nouvel engouement a commencé le jour où Zuckerberg a annoncé que 2023 serait « l’année de l’efficacité ».
- Meta a connu des meilleurs résultats que prévu, s’est séparé de 11.000 employés superflus et s’apprêterait à licencier à nouveau.
- Une mauvaise nouvelle à priori se transforme en bonne nouvelle. Meta va se reconcentrer sur ce qu’il sait faire de mieux : ses applications Facebook, Instagram, WhatsApp, leurs 3 milliards d’utilisateurs et les revenus publicitaires qu’ils génèrent.
Meta ne veut pas laisser passer le train et saute sur l’IA :
- Et puis cette annonce qui est passée un peu inaperçue, mais qui pourrait marquer un véritable pivot pour l’entreprise de réseaux sociaux : Zuckerberg a indiqué avoir créé une équipe de « top niveau » qui se concentrera sur l’IA.
- « Nous créons chez Meta un nouveau groupe de produits de haut niveau axé sur l’IA générative afin de dynamiser notre travail dans ce domaine », a posté Zuckerberg sur Facebook.
- « Nous allons fusionner de nombreuses équipes travaillant sur l’IA générative en un groupe axé sur la création d’expériences agréables autour de cette technologie dans tous nos différents produits. »
- « Nous explorons des expériences avec du texte (comme le chat dans WhatsApp et Messenger), avec des images (comme des filtres Instagram créatifs et des formats publicitaires), et avec des expériences vidéo et multimodales », a déclaré Zuckerberg.
- « Nous avons encore beaucoup de travail de fond à faire avant d’arriver aux expériences vraiment futuristes, mais je suis excité par toutes les nouvelles choses que nous allons construire en cours de route. »
- L’explosion de chatGPT d’Open AI, qui a rassemblé 1 milliard d’utilisateurs en un temps inégalé dans l’histoire des technologies, a suscité des émules.
- Le futur doit encore nous montrer s’il s’agit juste d’un effet d’annonce ou si c’est un véritable tournant emprunté par Meta et son fondateur.
Il n’y aura pas de grand communiqué pour l’annoncer, mais la révolution du métavers a peut-être déjà été enterrée, en ce mois de février 2023. Des funérailles pour une autre révolution, qui, elle, suscite largement plus d’engouement : l’intelligence artificielle et sa capacité à aider, voire à se substituer aux humains.
Une façon pour Zuckerberg d’éviter l’humiliation en détournant l’attention de son échec cuisant pour la prochaine grande révolution. Le milliardaire n’en est pas à son premier tour de passe-passe.