« La baisse de l’inflation va prendre du temps et sera douloureuse » : quand Jerome Powell tente (sans succès) de faire peur aux marchés

Le président de la Réserve fédérale américaine (Fed) ne peut que le constater : l’économie américaine reste « incroyablement forte ». Il prévient pourtant que la baisse de l’inflation ne se fera pas sans douleur, en contradiction avec l’optimisme des marchés.

Pourquoi est-ce important ?

Les marchés ont tendance à penser que l'inflation descendra rapidement et que, par conséquent, la Fed mettra bientôt fin aux hausses d'intérêt. Powell a tenté de tempérer l'optimisme ambiant : il faudra passer par une récession.

Dans l’actu : Jerome Powell hausse le ton.

  • Le rapport sur l’emploi américain a surpris tout le monde vendredi dernier : 517.000 emplois créés au lieu des 150.000 escomptés. « Nous ne nous attendions pas à ce que l’emploi soit aussi fort », a reconnu Jerome Powel, dans son premier discours officiel depuis le mois de janvier. « Cela vous montre en quelque sorte pourquoi nous pensons que la baisse de l’inflation prendra une période de temps significative ».
  • Powell a admis que l’inflation baissait, mais il n’en démord pas : les taux d’intérêt restrictifs resteront « pendant un certain temps ».
  • « À ceux qui pensent que l’inflation disparaîtra rapidement et sans douleur ; je ne le pense pas dans notre scénario de base ». « Cela prendre du temps », a-t-il répété pour la 3e fois.

L’essentiel : pourquoi une telle prudence ?

  • Tout ne se passe pas comme prévu. Certes, le pic de l’inflation américaine date de juin dernier, mais l’inflation sous-jacente stagne, notamment à cause de la montée des prix des services.
  • Or le scénario de base de la Fed est toujours le même : il faudra passer par une période de récession (si possible courte) pour faire baisser durablement l’inflation.
  • Or les craintes de récession ont été revues à la baisse. La consommation reste bonne (les ménages américains tapent dans leur épargne) et le chômage est donc trop bas. Sans oublier que la relance chinoise pourrait faire à nouveau monter les prix des matières premières et de l’énergie.
  • Enfin, il y a l’euphorie des bourses, qui contribue à créer un « effet richesse ». Les marchés sont en pleine bourre depuis le mois de janvier et ont à peine reculé, vendredi dernier, suite au rapport sur le marché du travail. L’année dernière, elles auraient subi un sérieux coup.

La réponse : le pied de nez des marchés.

  • La question est de savoir si les marchés écoutent encore les banques centrales, qui ont perdu beaucoup de crédibilité l’année dernière (c’est surtout vrai pour la BCE).
  • Contrepied absolu, les marchés américains ont grimpé après le discours du président de la banque centrale, s’accrochant au mot magique prononcé la semaine dernière : « La désinflation ». Les analystes s’attendent encore à l’une ou l’autre hausse de 25 points des taux d’intérêt, pas davantage, ce que les marchés ont intégré.
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