175.000 emplois en moins tous les mois lors du premier trimestre, prévoit Bank of America. Le taux de chômage pourrait remonter jusque 5,5% en 2023. La banque s’attend à une récession. Mais ce ralentissement pourrait aussi mettre un frein à l’inflation.
Alors qu’il est aujourd’hui encore en pleine puissance, Bank of America s’attend à ce que le marché de l’emploi ralentisse fermement (avec une division de la croissance par deux) sur le dernier trimestre de l’année, avant d’afficher des scores négatifs, à raison de 175.000 emplois en moins par mois au début de l’année prochaine, et de continuer à chuter dans l’année.
C’est ce que la banque note dans un rapport consulté par CNN Business. Pour être précis, celle-ci évoque de ce qu’on appelle les « nonfarm payrolls », c’est-à-dire le nombre total d’emplois des secteurs non agricoles en fonction des fiches de paie. Ce chiffre est publié tous les mois par le Bureau of Labour Statistics, et représente une des statistiques les plus importantes du marché du travail américain, avec également les premières demandes de chômages ou encore les offres et créations d’emplois par rapport au nombre de demandeurs d’emploi. En septembre, 263.000 emplois s’étaient encore ajoutés à ce chiffre de « nonfarm payrolls », à titre de comparaison.
Une autre mesure du marché du travail est le taux de chômage. Il se maintient actuellement à 3,5% aux États-Unis, un niveau historiquement bas, plus vu depuis les Golden Sixties. Mais pour Michael Gapen, économiste pour la banque, le taux de chômage atteindra 5 à 5,5% sur l’année 2023. La Fed parle elle de 4,4%.
L’expert s’attend ainsi à une récession vers le milieu de l’année. Des propos qui font d’ailleurs écho à la prédiction de Jamie Dimon, PDG de JPMorgan.
La Fed et l’inflation
La banque de Wall Street n’y va pas par quatre chemins : pour elle, c’est la Réserve fédérale, avec ses hausses des taux d’intérêt, qui est responsable de cette perte de vitesse du marché du travail. Gapen ne pense pas que la Fed soit en mesure de diminuer la pression sur le marché du travail tout en évitant des pertes d’emploi significatives. « Ils accepteront une certaine faiblesse des marchés du travail afin de faire baisser l’inflation », sait-il.
Aux États-Unis, le marché du travail en surchauffe depuis la pandémie est un des moteurs de l’inflation – contrairement à l’Europe, où l’inflation est alimentée par les prix de l’énergie. En raison d’une pénurie de main-d’œuvre dans une économie en plein boom post-covid, les candidats ont pu demander plus pour être embauchés ou pour ne pas aller voir ailleurs. Cela a eu un impact sur le coût de la vie.
Dans ce contexte, un ralentissement du marché du travail (via une hausse des taux d’intérêt, qui rend les prêts plus chers pour les entreprises) peut contribuer à freiner l’inflation. Les candidats vont plus facilement accepter un poste ou garder leur emploi actuel s’il devient de plus en plus difficile de trouver un autre job, par exemple. Le tout est de trouver un juste milieu entre un ralentissement et l’explosion du chômage.