Après un début d’année mouvementé, marqué par une chute boursière sans précédent, le cours de l’action de Meta s’envole à nouveau, après l’annonce de résultats trimestriels… pourtant moins bons qu’attendu. Un mystère?
Ces dernières semaines, la société-mère de Facebook, Instagram et WhatsApp, Meta, a été dans la tourmente. Ses résultats du dernier trimestre 2021 étaient catastrophiques. Le nombre d’utilisateurs ayant baissé, l’action a fait un plongeon. En un jour, début février, plus de 200 milliards de dollars se sont évaporés de sa valeur marchande.
Au-delà de ça, le métavers traîne du pied, le changement de nom n’a pas convaincu, le scandale de la gestion des données révélé par la lanceuse d’alerte Frances Haugen fait toujours tache, et le prochain scandale concernant la gestion des données est sur le pas de la porte.
Mercredi, Meta a annoncé ses résultats trimestriels, pour le premier trimestre 2022. Son chiffre d’affaires n’atteint pas les estimations de Wall Street (soit 27.91 milliards de dollars au lieu de 28.2). En un an, il a augmenté de 7% (contre une estimation de 7,8%), soit l’évolution la plus lente depuis des années et la première sous 10% depuis que la société est cotée en bourse. L’estimation quant au nombre d’utilisateurs actifs mensuels n’est pas atteinte non plus (2.94 milliards contre 2.97 estimés), et celle des usagers actifs quotidiens dépasse tout juste l’estimation (1,96 milliard contre 1,95 attendu). Le bénéfice (près de 7,5 milliards de dollars) dépasse, lui, les estimations, mais comparé au premier trimestre de l’année précédente, il a perdu 21%.
Montée en flèche du cours de l’action
Après l’annonce de ces résultats, le cours de l’action, dans les négociations d’après-clôture du marché, est parti en trombe, avec une hausse de 18%. Mais qu’est-ce qui motive les investisseurs? D’un côté, le nombre d’utilisateurs est tout de même en hausse, même s’il rate les estimations. Pour Facebook, le nombre de visiteurs mensuels a augmenté de 3% sur le trimestre, le nombre d’utilisateurs quotidiens a augmenté de 4% comparé à il y a un an. Pour les deux autres applications, le nombre d’utilisateurs quotidiens et mensuels a augmenté de 6%, sur le trimestre, rapporte CNN Business. Soit déjà mieux que les baisses annoncées pour le quatrième trimestre 202&.
Une autre annonce qui a pu plaire aux investisseurs est le fait que Meta prévoit de baisser ses dépenses. La société ne compte plus dépenser 95 milliards de dollars sur l’année. La limite des estimations est en effet passée à 92 milliards. Or, les investisseurs étaient inquiets sur le fait que la firme dépense beaucoup d’argent, voire trop, pour le développement de son métavers. « Sur la base de la forte croissance des revenus que nous avons constatée en 2021, nous avons donné le coup d’envoi à un certain nombre de produits pluriannuels pour accélérer certains de nos investissements à plus long terme », analyse Zuckerberg. « Mais avec les niveaux de croissance actuels de nos activités, nous prévoyons maintenant de ralentir le rythme de certains de nos investissements. »
La question importante est alors de savoir si le cours peut garder ce cap durant la journée de négociation. Le CEO Mark Zuckerberg en tout cas se montre confiant : « Nous avons fait des progrès ce trimestre sur un certain nombre de priorités clés de l’entreprise et nous restons confiants dans les opportunités et la croissance à long terme que notre feuille de route de produits va débloquer ». Mais tout n’est pas encore rose, et Zuckerberg l’avoue également.
Il reste des défis pour le groupe : la concurrence de TikTok, qui est désormais le réseau le plus populaire, et encore le problème des revenus publicitaires. Meta accuse les paramètres de confidentialité d’Apple, qui limitent la portée des pubs. Les prix des publicités sont également en chute : par rapport au premier trimestre 2021, ils ont baissé de 8%. La guerre en Ukraine, et le blocage de Facebook et Instagram par la Russie, est également un défi sur la table de la firme.
Du côté du développement du métavers, les défis sont également importants, et les pertes vont continuer à s’accumuler concernant ce segment, prévient l’entreprise. Sur le premier trimestre 2022, Reality Labs, l’unité qui développe les applications de réalité virtuelle et augmentée, a enregistré des pertes de trois milliards de dollars. Zuckerberg admet que les défis sont de taille, pour continuer à investir dans ce segment : il espère que les autres activités génèrent assez de profits pour qu’il puisse continuer à injecter de l’argent dans le développement de la réalité virtuelle, tout en continuant d’être rentable sur l’ensemble du groupe. « Il est possible qu’une incertitude prolongée sur le plan macroéconomique ou de notre entreprise nous oblige à arbitrer en faveur d’objectifs financiers à plus court terme », glisse-t-il.