Les deux candidats à la présidentielle française défendent des programmes bien différents, que ça soit sur le pouvoir d’achat, les salaires ou encore le climat – un sujet qui ne semble pas plus préoccupé que cela Emmanuel Macron et Marine Le Pen, malgré l’urgence –, mais qu’en est-il des autres questions ? Quels plans les deux candidats ont-ils pour la conquête de l’espace par la France, pour la réglementation des cryptomonnaies ou pour encadrer les agissements des GAFAM ? Une question qui n’avait jamais été un thème central de campagne, mais qui mérite pourtant qu’on s’y intéresse. Et à ce propos, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont d’ailleurs des projets bien différents.
Ce dimanche 24 avril, les Français se rendront aux urnes pour voter pour le ou la futur(e) président(e) de la République, à l’occasion du second tour. Un moment important, car les Français devront vivre pendant 5 ans sous la présidence de celui ou celle qui aura remporté des élections. Vu qu’il ne reste plus que deux candidats, le choix devrait être plus facile à faire, d’autant plus que leur vision pour la France diverge fortement, notamment en ce qui concerne la sphère numérique. La question a d’ailleurs été abordée lors du grand débat télévisé entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen.
Un web souverain français pour Marine Le Pen
La candidate du Rassemblement national n’a jamais caché son opposition à l’hégémonie des GAFAM américains, elle l’a d’ailleurs rappelé lors du débat en réaffirmant son idée de développer un Google français. La France dispose des capacités nécessaires, et ce, « depuis des années » pour y parvenir, mais aussi pour rivaliser avec les géants américains et chinois. Marine Le Pen ne s’en cache pas, elle rêve d’un web français souverain ou a minima européen.
Car oui, bien qu’elle soit habituellement hostile à l’Union européenne, la candidate a concédé que l’UE était essentielle pour la création d’un web souverain, mais aussi pour contrer « l’ubérisation de l’économie » héritée du modèle américain.
Elle souhaite que des investissements stratégiques soient faits dans le cloud et l’informatique quantique, mais aussi rendre obligatoire l’hébergement des données des Français, des entreprises françaises et des services publics sur le territoire ou dans l’Union européenne, par des acteurs français ou européens.
Outre les GAFAM, le programme numérique du Rassemblement national veut également assurer une couverture numérique parfaite sur l’ensemble du territoire français. Déployer le haut débit partout, notamment dans les zones rurales, afin de développer la télémédecine, est l’une de ses priorités, a rappelé Marine Le Pen durant le débat télévisé.
Sécuriser le web et développer un marché unique du numérique Européen pour Macron
De son côté, le candidat-président, qui n’a jamais caché son attachement à l’Union européenne, souhaite qu’un marché unique du numérique soit mis en place au sein de l’UE. Ce dernier serait ainsi développé sur base des principes édités par le fameux RGPD, assurant ainsi une protection poussée de la vie privée des utilisateurs européens. De quoi faire la différence avec les GAFAM américains. Il estime d’ailleurs que seule l’Union européenne est en mesure de faire face aux Google, Apple, Facebook, Amazon et Microsoft pour protéger les citoyens.
Emmanuel Macron est convaincu du potentiel d’innovations de l’Europe face aux géants américains et chinois. Le président sortant a une vision bien plus européenne que Marine Le Pen sur la question du numérique, il mise d’ailleurs sur un plan « Europe 2030 » pour réaffirmer les capacités du vieux continent en la matière.
Et pour que la France tienne une place importante dans cette lutte contre les géants américains et chinois, il souhaite que 400.000 ingénieurs spécialisés français soient formés d’ici à 2027. Un plan d’investissement de 30 milliards d’euros dans « les secteurs d’avenir » est également prévu dans son programme.
Le candidat à la présidence française a insisté sur la nécessité de « réarmer » la France face aux risques de la cybercriminalité grandissante. S’il est réélu, il prévoit ainsi d’embaucher 1.500 « cyberpatrouilleurs » pour contrer les cybermenaces.
Durant le grand débat, l’homme a également réaffirmé son objectif de « réguler la compétitivité » en imposant un impôt minimal de 15% du chiffre d’affaires pour toutes les grandes entreprises étrangères qui fructifient en France, mais aussi en Europe.
Les projets des deux candidats concernant la question du numérique sont donc bien différents. La candidate du Rassemblement national fait de la couverture réseau sa priorité et met la France au cœur de ses préoccupations, alors que le candidat du mouvement la République en Marche veut mettre l’accent sur la cybersécurité et développer un marché numérique unique au sein de l’Europe. Mais les deux sont conscients que leur projet devra se faire avec le soutien de l’Union européenne, et ce, malgré les réticences de Marine Le Pen vis-à-vis de l’UE.