Grand débat Macron – Le Pen : passe d’armes sur le pouvoir d’achat, match nul sur les salaires, et le climat comme perdant

Pas de redite de 2017 pour ce grand débat de l’entre-deux tour : Marine Le Pen n’a pas perdu ses moyens, ce qui avait laissé un boulevard à Emmanuel Macron. Il n’empêche que celui-ci a tenu ferme le débat, répondant du tac au tac pour démolir les arguments de son adversaire, qui ne parvient pas à convaincre sur les questions socio-économiques.

Pouvoir d’achat

C’est Le Pen qui tente la première passe d’arme sur un sujet sur lequel elle a tout à gagner : elle a rappelé sa promesse de campagne de baisser la TVA sur l’énergie ainsi que sur un panier de produits jugés essentiels, des mesures concrètes pour nombre de Français. Mais Macron a immédiatement riposté en lui rappelant des faits : « Mais vous avez voté contre le bouclier tarifaire sur les prix du gaz et de l’électricité ! Pourquoi ? » Profitant de son avantage, le président sortant rappelle qu’il veut justement prolonger ce bouclier tarifaire sur le gaz et l’électricité, une mesure de gel des tarifs réglementés qu’il juge « deux fois plus efficace que la baisse de la TVA » voulue par Marine Le Pen. « La mesure de blocage, je n’y suis pas du tout opposée », a d’abord indiqué la candidate du Rassemblement national. Mais « je veux quelque chose de pérenne et pas quelque chose de provisoire comme vous le proposez. »

Hausse des salaires ou des primes

« Vous n’allez pas faire les salaires, Mme Le Pen ». « Tout comme vous n’allez pas faire les primes, M. Macron », se sont répondu les deux candidats. Elle a défendu sa proposition de geler « les cotisations patronales » en cas d’augmentation de « 10% des salaires jusqu’à 3 fois le Smic ; C’est certes un manque à gagner » pour l’État mais « ça n’est pas une dépense directe », a assuré Mme Le Pen.

« Je ne voudrais pas que celles et ceux qui nous écoutent pensent qu’avec vous, leur salaire va augmenter de 10%, ce n’est pas automatique » lui a rétorqué Macron, préférant son dispositif de prime versée par les entreprises, qui sera défiscalisée jusqu’à 6.000 euros. Un système face auquel Le Pen botte en touche en rappelant que pour un prêt, la banque regarde le salaire et pas les primes.

Climat

Ce sujet a été le parent pauvre de la campagne, au grand désespoir d’une part non négligeable de l’électorat, en particulier les plus jeunes. Les deux candidats finalistes se sont permis une passe d’armes à fleurets mouchetés sur ce thème, mais sans, finalement, avancer la moindre proposition concrète. Il faut dire qu’aucun n’en avait les munitions, et c’est Macron qui a souligné le premier ce manque chez son adversaire : « Votre programme n’a ni queue ni tête à cet égard, vous proposez une baisse pérenne sur les hydrocarbures, énergies fossiles très polluantes (…). Moi je considère qu’on est sur une controverse claire, j’ai lu votre projet et il est très transparent, vous êtes climatosceptique, donc c’est net », et de souligner qu’elle n’a pas lu « un mot sur l’écologie dans (ses) 22 mesures pour la France ».

« Je ne suis absolument pas climatosceptique, en aucun cas, mais vous, vous êtes un peu climato-hypocrite », a répliqué Marine Le Pen. « D’ailleurs, c’est peut-être pour ça que les gens ne croient pas à votre volonté de régler tous ces problèmes-là », ajoutant que le président sortant représentait « le pire de l’écologie punitive. »

Aucun des deux candidats n’a toutefois présenté quelque chose de nouveau ou de concret sur ce sujet. C’est donc plutôt la lutte contre le changement climatique qui est perdante, après que les deux candidats aient rangé leurs armes sur ce sujet et soient passés à autre chose.

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