Macron réélu, place au troisième tour : les trois challenges du nouveau mandat, et des élections législatives en embuscade

Victoire sans joie pour une importante proportion des électeurs, mais victoire quand même pour Emmanuel Macron, qui va diriger la France pour cinq ans de plus grâce à 58% des suffrages exprimés en sa faveur. Mais ce second mandat s’annonce encore plus difficile que le précédent. Voici les trois « détails » de l’élection qui entachent déjà sa victoire, et qui deviendront sans nul doute de vrais challenges dans un futur proche.

Le score impressionnant de Marine Le Pen et de son Rassemblement national. Le barrage contre l’extrême-droite a tenu une fois de plus, mais à chaque scrutin, il se révèle moins solide face à une vague de plus en plus haute : Marine Le Pen a obtenu 41% des voix, contre 33% au second tour de 2017. Tandis que son père Jean-Marie Le Pen n’avait fait que 17% en 2002 face à Jacques Chirac dans un moment électoral qui était historique, mais qui depuis semble devenu banal. La vraie victoire revient à l’extrême-droite française, qui a bétonné sa présence et son influence au sein de l’élection présidentielle française.

Les élections législatives en embuscade. Dans ce contexte, le président Macron n’a aucune raison de s’attendre à un second mandat tranquille : ses ennemis (ne parlons plus de rivaux) vont lui mener la vie encore plus dure, et ce, très à droite comme à gauche. Jean-Luc Mélenchon, Marine Le Pen et Éric Zemmour ont lancé ce dimanche le coup d’envoi de la campagne des élections législatives, espérant imposer en juin une cohabitation au président. La France insoumise espère s’imposer comme l’étendard de la gauche française alors que des négociations ont déjà été lancées avec le Parti communiste, Europe Écologie Les Verts et le Nouveau parti anticapitaliste, dont les candidats avaient tous fait moins de 5% au premier tour. À l’autre opposé de l’échiquier politique, Éric Zemmour cherche des candidatures communes avec le RN. Sans grand succès pour l’instant selon BFM TV.

Une abstention au plus haut depuis 1969. « Le seum » : voilà le sentiment de beaucoup de Français sur cette drôle d’élection, en particulier les jeunes. Entre l’absence quasi totale des enjeux écologiques pourtant pressentis comme majeurs pour les années à venir et l’effondrement des partis de gauche traditionnels, ils étaient nombreux à se sentir exclus de ce scrutin. Le score de Jean-Lux Mélenchon, personnalité clivante qui a frôlé de très peu la présence au second tour, a sapé bien des espoirs chez de jeunes électeurs qui, contraint au vote utile, l’ont perçu surtout comme un vote sanction particulièrement douloureux. Un geste que d’ailleurs beaucoup n’ont pas fait : l’abstention atteint 28% du corps électoral. Il faut remonter à 1969 pour trouver pire proportion, quand Georges Pompidou a obtenu 37,51% des voix, mais que 31,15% des électeurs n’avaient pas daigné se déplacer. Emmanuel Macron n’a en fait été élu qu’avec un peu plus de 38,52% des électeurs inscrits sur les listes, contre 27,28% pour Marine Le Pen.

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