Dans un rapport, un organisme représentant les intérêts chinois du secteur de l’hydrogène dresse un constat sans appel: les électrolyseurs européens sont de meilleure qualité que les chinois. Le message est tout aussi clair: la Chine doit (et, a priori, va) prendre les choses en main pour renverser la vapeur.
En février, Bloomberg NEF avait calculé que les électrolyseurs alcalins chinois étaient jusqu’à quatre fois moins chers à l’achat que leurs équivalents occidentaux: 300 $/kW contre 1 200 $/kW. Les machines chinoises commençant à s’écouler aux États-Unis et en Europe, l’on aurait pu s’attendre à ce qu’elles finissent par inonder le marché mondial, provoquant ce qu’il s’était passé dix ans plus tôt dans le secteur de l’énergie solaire: un effondrement de la fabrication européenne.
Toutefois, on est encore loin de ce scénario catastrophe pour les électrolyseurs européens, selon un rapport de la China Hydrogen Energy & Fuel Cells Industry Innovation Strategic Alliance (CHEFCIISA) cité par Recharge. Bien qu’ils soient effectivement jusqu’à quatre fois moins chers à l’achat, les machines chinoises entraîneraient un coût nivelé de l’hydrogène plus élevé. Car moins efficaces et moins fiables que les électrolyseurs européens.
« Beaucoup plus avancés dans les technologies de récupération de la chaleur », les électrolyseurs européens géreraient mieux le flux de gaz, ce qui augmente leur efficacité. Les systèmes de contrôle européens seraient également supérieurs, ce qui se traduit par des charges mieux équilibrées, et se dégradent à un rythme plus lent, ce qui entraîne une durée de vie plus longue, avance l’organisme chinois.
En outre, les matériaux de base utilisés pour les électrolyseurs chinois seraient de moins bonne qualité. L’Europe a, par exemple, déjà progressé vers un « alliage à base de nickel haute performance », note la CHEFCIISA.
Une Chine bien consciente de son retard
La CHEFCIISA ne publie bien sûr pas son rapport dans le but de taper sur les doigts du secteur chinois. Mais bien pour le booster. Elle estime que les fabricants chinois sont conscients de leurs lacunes. Et qu’ils sont en train de travailler dur pour combler leur retard, en développant des machines plus efficaces et dotées d’une plus longue durée de vie.
Un défi d’autant plus aisé à relever que les autorités chinoises vont donner au secteur les moyens de ses ambitions. Car l’hydrogène vert est considéré comme un moteur de sa stratégie vers l’absence totale d’émissions, prévue pour 2026.
Le mois dernier, Pékin a ainsi annoncé vouloir produire de 100.000 à 200.000 tonnes d’hydrogène vert par an d’ici à 2025. Un hydrogène qui devra par ailleurs, pour la même échéance, faire fonctionner jusqu’à 50.000 véhicules, principalement dans les transports publics. Pour 2035, l’hydrogène vert devrait aussi largement remplacer l’utilisation du gaz naturel dans les transports et l’industrie lourde en Chine. Il devrait également rendre la production de ciment et d’acier beaucoup plus écologique.
La réalisation de ces ambitions passera inévitablement par des machines de meilleure qualité. Des projets visant spécifiquement à accroître l’efficacité des électrolyseurs alcalins et PEM (membrane échangeuse de protons) chinois ont d’ailleurs déjà été mis sur pied. À un niveau local, les efforts politiques ne manquent pas non plus, plusieurs villes et provinces offrant désormais de généreuses subventions pour la production d’hydrogène vert, note Recharge.