En un an, les ventes de voitures à hydrogène ont quasiment doublé. Bonne nouvelle ? Pas vraiment.

Face au boom des véhicules électriques à batterie, les voitures à hydrogène restent très discrètes. Pourtant, leurs ventes mondiales viennent d’être multipliées par deux en à peine un an. Un phénomène davantage provoqué par des incitants financiers que par un véritable attrait des consommateurs.

Selon les données de l’analyste IDTechEx, 15.538 véhicules électriques à pile à combustible alimentée par hydrogène ont été vendus à travers le monde en 2021. Soit une augmentation de 82% en un an.

Les ventes mondiales des Toyota Mirai et Hyundai Nexo, seuls modèles de voiture à hydrogène actuellement commercialisés. (IDTechEx)

A priori, cette augmentation a de quoi ravir le secteur. Toutefois, face aux 4,6 millions de véhicules électriques à batterie et aux 1,9 million de VE hybrides rechargeables vendus au cours de la même année, les voitures à hydrogène restent clairement marginales.

L’enthousiasme doit également être tempéré à la lumière des énormes efforts employés l’an dernier pour porter les véhicules à hydrogène, souligne IDTechEx. En effet, les pouvoirs publics et les constructeurs ont offert d’incroyables rabais pour pousser à leur achat.

Par exemple, en Californie, la Toyota Mirai – qui se vend normalement à 50.000 dollars – a été proposée à un peu moins de… 18.000 dollars. Grâce à des incitations fiscales fédérales et étatiques et à une remise de 20.000 (!) dollars de la part du géant nippon, lequel a également offert un crédit de carburant de 15.000 dollars pour les trois premières années d’exploitation.

Les mêmes énormes réductions de prix ont été observées en Corée du Sud, où Hyundai a établi 88% des ventes mondiales de sa Nexo. Grâce à un attirail de rabais, son prix de 60.000 dollars y a été réduit de moitié.

Trop chères et trop polluantes

Ces précisions étant établies, le doublement des ventes mondiales des véhicules à hydrogène s’avère tout de suite moins impressionnant. Pour IDTechEx, le « principal problème » n’est pas la faiblesse de l’infrastructure de ravitaillement en hydrogène ni la technologie des piles à combustible. Ce qui fait mal, ce sont les « émissions élevées et le coût de l’hydrogène lui-même ».

« L’hydrogène vert n’est pas encore produit en grande quantité et, lorsqu’il est produit, il est relativement cher« , souligne l’analyste, rappelant qu’environ 95% de l’hydrogène produit aujourd’hui est gris, c’est-à-dire issu de combustibles fossiles.

Résultat, tant Toyota avec sa Mirai que Hyundai avec sa Nexo affichent des émissions de dioxyde de carbone décevantes, à peine en-deçà de celles des véhicules équipés de moteur à combustion interne.

Pour que les voitures à hydrogène s’envolent un jour, il faudra attendre que l’hydrogène vert prenne le pas sur le gris, et qu’il soit plus abordable.

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