Trop cher, l’hydrogène : Montpellier annule une commande de 51 bus et passe à l’électrique

Après deux ans de travail sur un projet, l’agglomération de Montpellier en France se rend compte que l’hydrogène est beaucoup plus coûteux que l’électrique. Elle abandonne donc son projet de réseau de bus tournant avec ce carburant, et annule la construction d’un électrolyseur ainsi que la commande de 51 bus (prévus en deux livraisons, 21 en 2023 et 30 en 2025).

L’électrique est jusqu’à six fois moins cher, se sont rendus comptes les élus locaux. La ville annule donc un projet d’implémentation de bus à l’hydrogène, prévu depuis deux ans. Le projet comportait un électrolyseur de petite taille (2,8 MW), qui aurait tourné à l’énergie photovoltaïque, produisant ainsi de l’hydrogène appelé vert pour alimenter les moteurs des transports en communs. Il comportait aussi une usine de stockage et des stations de distribution. Il devait être exploité par Hynamics (groupe EDF).

Argent public engagé

Au total, le projet devait coûter 29 millions d’euros. Des fonds à hauteur de 18 millions d’euros avaient déjà été levés. Dans l’enveloppe, 6,9 millions d’euros de subsides publics versés par l’Union européenne, la Région et également l’État français. Certains de ces subsides avaient été versés il y a un mois à peine. Le fonds souverain français, la Caisse des Dépôts, avait également investi de l’argent et octroyé des prêts, à hauteur de 8,9 millions d’euros.

Six fois moins cher

Pour raison de coûts trop élevés, Montpellier Méditerranée Métropole, entité qui réunit une trentaine de communes, a annulé le projet la semaine dernière. Tout en laissant une porte ouverte à l’hydrogène pour 2030, si cette ressource devient plus abordable, a expliqué le maire Michaël Delafosse (PS) début janvier. Depuis le lancement du projet, la majorité avait également changé.

Julie Frêche, vice-présidente de la Métropole, compétente pour les transports, calcule dans le journal économique français La Tribune que le coût annuel pour l’exploitation des bus hydrogène est de trois millions d’euros par mois. Des bus électriques reviendraient à 500.000 euros. Ramené au kilomètre, l’hydrogène coûte 95 cents, alors que l’électrique ne coûte que 15 cents. Les bus même sont en plus 150 à 200.000 euros plus chers à l’achat que les bus électriques.

Solution « absurde »

Le média spécialisé en énergie Recharge fait le constat de la situation « absurde » qu’est l’alimentation en hydrogène. « L’hydrogène vert est une solution intrinsèquement inefficace et coûteuse pour le transport routier, car elle nécessite de l’électricité renouvelable pour l’électrolyse afin de créer l’H2, davantage d’énergie pour comprimer le gaz, qui doit être stocké dans de grands réservoirs, une station-service coûteuse est nécessaire pour injecter l’hydrogène stocké dans un véhicule, où une pile à combustible reconvertit l’H2 en électricité… Il est beaucoup plus efficace et moins cher d’injecter l’électricité renouvelable directement dans une batterie de véhicule. »

Les défenseurs de l’utilisation de l’hydrogène comme « carburant » rétorqueront alors que les voitures avec pile à combustible sont plus légères que les voitures électriques, que la charge est plus rapide, et que l’autonomie est plus grande.

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