Faire de l’eau à partir d’air pour produire de l’hydrogène: une technologie « économique et écologique » va être testée dans le désert australien

De plus en plus d’installations à hydrogène voient le jour aux quatre coins de la planète. Et vu l’engouement autour du H2, considéré par certains comme un pilier de la transition énergétique, cette tendance va se poursuivre dans les années à venir. Parmi les nouveaux projets, une partie est implantée dans des déserts. Où l’eau est, par définition, beaucoup plus rare.

Produire de l’hydrogène par électrolyse nécessite de transformer des molécules d’eau (H2O) en H2 et en O. Environ neuf litres d’eau pour chaque kilo de H2. Pour que le produit fini puisse être qualifié de « vert« , il faut que l’énergie mobilisée dans le processus soit issue de sources renouvelables. D’où le fait que certains entrepreneurs sont enclins à placer leur projet dans des déserts, pour y profiter de l’irradiation solaire très élevée.

Si les déserts semblent donc idéaux pour générer de l’énergie solaire, ils paraissent moins propices à trouver l’eau nécessaire à la production d’hydrogène. Dans certains cas, les installations sont construites non loin de la mer, d’où l’eau est tirée puis traitée dans une station de dessalement prévue à cet effet. Ce qui génère des coûts supplémentaires. Et un impact inévitable sur les ressources en eau des régions concernées.

Face à ces deux problèmes, une start-up australienne a décidé de miser sur une solution innovante: tirer « son » eau de l’air et l’utiliser pour produire de l’hydrogène. Elle est ainsi aux manettes de ce qu’elle considère comme étant le « projet d’hydrogène vert le plus avancé et le plus prêt à l’emploi en Australie« .

Aqua Aerem

Cette société porte sa technologie dans son nom: Aqua Aerem. Eau et air, en latin. Son ambition: produire de l’eau à partir d’air, dans son projet « Desert Bloom Hydrogen« , logé dans l’arrière-pays du Territoire du Nord australien. L’objectif initial est de développer une installation dotée d’une puissance de 10 GW.

Lorsque l’eau est extraite de l’air, c’est généralement par condensation. La start-up australienne reste toutefois relativement discrète sur la technologie qu’elle compte utiliser. On sait juste que cela mobilisera un absorbeur pour capter l’eau de l’air aride, que les climats plus chauds augmentent l’efficacité de l’équipement, que celui-ci ne doit pas être relié au réseau électrique et que tout cela ne produit aucun déchet.

Dans la région où elle travaille à l’établissement de son installation, le taux d’humidité de l’air – sa teneur en vapeur d’eau – atteint tout de même 23% en moyenne au mois d’octobre, le plus sec. Un chiffre qui peut doubler quelques mois plus tard.

« Cette technologie innovante permet également d’ouvrir des régions de développement économique futur et a des applications potentielles qui vont bien au-delà de la production d’hydrogène, comme l’exploitation minière et l’agriculture », assure Aqua Aerem.

Economique et écologique

Pour Aqua Aerem, prendre de l’eau dans l’air est une solution économique. « Le projet utilise une technologie éprouvée de manière innovante pour produire des quantités commerciales d’hydrogène vert sans impact sur les ressources en eau – ce qui réduit considérablement les coûts d’investissement et d’exploitation associés à la production d’hydrogène vert », explique la société.

La start-up affirme qu’elle pourra produire de l’hydrogène vert à un prix inférieur à 2 dollars le kilo d’ici 2027 et qu’elle exportera environ 410.000 tonnes d’H2 par an lorsque son site sera pleinement opérationnel.

Aqua Aerem juge que sa technologie est également une bonne chose pour l’environnement. « Une majorité des projets d’hydrogène vert annoncés dans le monde sont situés dans des pays secs et soumis à un stress hydrique, mais n’ont pas de stratégie claire pour accéder à l’eau nécessaire », indique la société. « Même les projets situés dans des régions qui ne sont pas actuellement en situation de stress hydrique ont montré qu’ils ne s’intéressent guère à la manière dont l’eau sera accessible de manière fiable pendant la durée de vie des projets. »

« La technologie exclusive de fabrication d’eau d’Aqua Aerem est alimentée par l’énergie solaire renouvelable et apporte une solution indispensable au dilemme de l’eau qui a jusqu’à présent freiné la production de grands volumes d’hydrogène vert nécessaire à la transition énergétique mondiale », ajoute Aqua Aerem.

De 10 à 20 GW ?

Le projet séduit en tout cas les investisseurs. Sanguine Impact Investment, un investisseur en infrastructures basé à Singapour, a aussi décidé de porter sa pierre financière à l’édifice. Le président d’Aqua Aerem est le directeur général du groupe singapourien. Ça aide.

Aqua Aerem a aussi récemment obtenu le soutien de l’opérateur pétrolier et gazier japonais Osaka Gas, qui a accepté de co-développer l’installation. Un appui de taille qui pourrait permettre à la start-up australienne de doubler la capacité de 10 GW qu’elle vise dans un premier temps, « pour répondre à la demande d’hydrogène vert qui se développe rapidement ».

Les autorités locales ont elles aussi adoubé le projet.

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