Inflation, chômage, croissance: quel serait l’impact de la présidence de Le Pen ou de Macron sur l’avenir économique de la France?

Via les programmes des deux candidats au second tour, on peut élaborer des modèles pour voir les conséquences de l’un ou de l’autre sur l’économie. Marine Le Pen serait perdante à de nombreux égards : inflation plus haute, commerce extérieur en berne, énorme trou dans la caisse des finances publiques, et chute du PIB à long terme.

Macron et Le Pen, un deuxième match après cinq ans. Les deux candidats, le premier de centre-droit et la deuxième d’extrême-droite, divergent en de nombreux points, notamment idéologiques. Les préoccupations actuelles, fortes, des Français sont l’inflation et le pouvoir d’achat, mot d’ordre de cette campagne présidentielle. Les points économiques dans les deux programmes sont donc importants.

Mais quels impacts auront-ils ? Une méthode développée par des universitaires français, appelée Macsim II, permet de faire les calculs. Ce système économétrique est une maquette de l’économie du pays, et à l’aide de nombreuse équations, il est possible de voir les effets de l’une ou de l’autre mesure politique. BFM Business a fait les calculs pour les programmes des deux candidats.

La première conclusion tirée est qu’il n’y a pas d’écart de performance entre les deux, du moins sur les deux-trois premières années du quinquennat. Cela est dû au fait qu’il y a des mesures similaires dans les deux programmes, comme la baisse des impôts de production, la suppression de la redevance audiovisuelle, ou encore une baisse des droits de succession.

  • Croissance : Le Pen fait mieux à court terme, mais finirait dans le négatif

Sous une présidence de Marine Le Pen, le PIB augmenterait plus rapidement que sous Macron, notamment car elle promet une politique stimulation de la demande, avec entre autres une baisse de la TVA de 12 milliards d’euros sur les produits pétroliers, comme les carburants. Mais dès 2025, la tendance s’inverserait : le PIB selon les mesures de Macron repasserait devant, et dès 2026, celui selon le programme de Le Pen glisserait dans le rouge (-0,2%), pour tomber encore plus bas en 2027 (-0,5%). La politique pèserait sur la compétitivité, à long terme, car il n’y a pas de mesures pour les grandes entreprises.

source: BFM Business
  • Inflation : Le Pen en tête à long terme

Concernant l’inflation, les programmes des deux candidats mènerait à une hausse continue. En partant d’un point zéro, avec l’inflation d’aujourd’hui, l’inflation sous Macron atteindrait 3,5% en 2027, et 5,3% sous Le Pen. Le programme économique de la candidate du Rassemblement national alimente donc plus facilement l’inflation : de quoi relativiser ses promesses sur le pouvoir d’achat.

  • Chômage : même courbe, avec un tout petit avantage pour Macron

Pour les deux candidats, le taux de chômage augmenterait selon la même progression, pour atteindre 1,5% pour Macron et 1,6% pour Le Pen en 2027 (en prenant pour point zéro le taux d’aujourd’hui). Si la courbe est similaire, le marché du travail serait cependant différent. Sous la présidence Macron, plus de monde travaillerait, notamment car l’âge de la retraite serait vraisemblablement relevé. La population en âge d’être active serait donc plus importante, mais le nombre de chômeurs également.

  • Dépenses publiques : différences importantes

La plus grande différence entre les deux programmes se situe dans les dépenses publiques. Marine Le Pen promet de les augmenter de 20 milliards d’euros, tandis que Macron promet de les réduire de 20 milliards. Et l’impact sur les comptes publics se fait sentir : sous Le Pen, ils diminueraient progressivement pour atteindre une perte équivalent à quasiment 3% du PIB. Sous Macron, une très légère augmentation serait à prévoir.

  • Commerce extérieur : Le Pen plomberait les exportations

Comme indiqué plus haut, le programme de Le Pen joue en défaveur de la compétitivité. Ainsi, les exportations en souffriraient : le commerce extérieur baisserait progressivement pour atteindre une perte de 3,2% par rapport au PIB, en 2027. Sous Macron tout ne serait pas rose non plus : la baisse constatée serait de la moitié de celle sous Le Pen.

  • Quelques inconnues restantes

Ces chiffres et évolutions restent des modèles, mais ils permettent déjà de se faire une idée des conséquences économiques que l’élection d’un programme ou de l’autre pourrait avoir. Mais ces modèles restent basés sur les programmes actuels, or, avant le second tour, ceux-ci peuvent encore changer : Emmanuel Macron notamment constate que la réforme des retraites est impopulaire, et donne des indications qu’elle n’est pas inscrite dans le marbre. Marine Le Pen gagne notamment des points avec sa proposition d’indexation des retraites.

Le président sortant est également susceptible d’adopter l’un ou l’autre point : il voudra certainement aller repêcher des électeurs d’un autre candidat, qui ont déjà demandé des gages pour leur consigne de voter pour Macron. Mais toujours est-il que le programme s’inscrit dans la lignée du quinquennat, et il reste donc moins d’inconnues que quant à celui de Marine Le Pen. Quelle serait la réaction de l’Europe (la candidate étant anti-européenne), et quelle serait la réaction des marchés et des investisseurs? Elle serait également susceptible de changer de stratégie, si des dépenses publiques trop importantes venait à plomber l’économie français, par exemple.

Finalement, un programme de campagne reste un programme. Les politiciens ne mettent rarement tous les points en place : ce sont surtout des promesses pour attirer des votes. Le populisme, surtout se base sur des belles paroles, et des solutions simples ; à voir alors comment les propositions économiques des candidats seraient réellement mises en place.

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