Le chancelier allemand Olaf Scholz s’oppose aux appels des États-Unis et de l’Ukraine visant à interdire l’importation de gaz et de pétrole russes. Cette information est rapportée par Politico et The Guardian, entre autres.
Trop dépendant de l’énergie de Poutine : le chancelier allemand Scholz s’oppose à une éventuelle interdiction du pétrole et du gaz russes
Pourquoi est-ce important ?
Un embargo de l'énergie russe s'inscrirait dans le cadre des mesures punitives internationales prises à l'encontre de Moscou, en représailles à l'invasion de l'Ukraine par la Russie. Mais : une interdiction frapperait les Européens encore plus durement au porte-monnaie qu'ils ne le sont déjà. En effet, l'Union européenne importe 40 % de son gaz de Russie, et 30 % de son pétrole, selon les données de la banque suisse UBS.M. Scholz a prévenu qu’une telle mesure pourrait mettre en péril la sécurité énergétique de l’Europe, et que les importations d’énergie en provenance de Russie sont actuellement essentielles à la vie quotidienne des citoyens. Par conséquent, « l’Europe (…) a délibérément exempté les approvisionnements énergétiques de la Russie des sanctions », a noté l’Allemand dans un communiqué.
Auparavant, le gouvernement ukrainien avait fait valoir que l’Occident devait cesser d’importer de l’énergie russe afin de ne plus financer le trésor de guerre du dictateur russe Vladimir Poutine. Cet appel est soutenu par certaines figures aux États-Unis.
« Décision délibérée de poursuivre les activités avec la Russie »
M. Scholz a déclaré que son gouvernement et ses partenaires européens « travaillent dur depuis des mois » pour développer des alternatives à l’approvisionnement énergétique russe, mais a souligné que « cela ne peut se faire du jour au lendemain ».
« Par conséquent, c’est une décision consciente de notre part de poursuivre les activités des entreprises commerciales dans le domaine de l’approvisionnement énergétique avec la Russie », aurait déclaré le Chancelier selon Politico.
Scholz s’est senti obligé de répondre aux commentaires du Secrétaire d’Etat américain Antony Blinken. L’Américain a rapporté dimanche que les États-Unis et l’Union européenne étaient en « pourparlers très actifs » pour interdire l’importation de pétrole russe. Les médias japonais ont rapporté que Tokyo s’était joint à ces discussions.
Il y a donc une division dans le camp occidental en ce qui concerne l’interdiction du pétrole russe. Les États-Unis, quant à eux, envisageraient d’agir sans l’aide de leurs alliés en Europe, selon les sources de Bloomberg. Il faut dire qu’ils sont beaucoup moins dépendants de la Russie sur le plan énergétique: ils n’importent par exemple qu’1% de leur pétrole en Russie.
Au sein même de l’Europe, la division règne sur la manière d’agir. Macron va accueillir à Versailles les chefs d’État ces 10 et 11 mars. Objectifs: construire une plus grande indépendance de l’Europe sur le plan économique et énergétique. Le président français a déjà laissé entendre que l’UE pourrait envisager un nouveau plan de relance pour financer les alternatives au gaz et au pétrole russe. D’autres pays ne voient pas d’un bon oeil un nouvel endettement, les Pays-Bas en tête.
Hausse spectaculaire du prix du pétrole
Les déclarations de Blinken ont entraîné une hausse spectaculaire du prix du pétrole la nuit dernière : le pétrole brut Brent a augmenté de 18 % à un moment donné pour atteindre 139 dollars le baril, soit le prix le plus élevé depuis pas moins de 14 ans.
Depuis, le prix a de nouveau baissé, mais il se situe toujours autour de 125 dollars le baril. Au début de l’année, le prix d’achat d’un baril de Brent était inférieur à 80 USD.