Afin de réduire les besoins en eau et en nourriture des futur pionniers de la planète rouge, l’ESA envisage très sérieusement de les plonger dans un état d’hibernation inspiré de celui des ours durant l’hiver. Une solution qui pourrait efficacement protéger les astronautes des dangers psychologiques d’un très long voyage, mais aussi des radiations de l’espace.
Envoyer des humains sur la planète rouge n’a rien de simple tant le trajet risque bien de mettre notre organisme à rude épreuve : celui-ci durerait au bas mot 180 jours s’il se déroule durant la période de conjonction entre la Terre et Mars. Soit 180 jours durant lesquels les pionniers seront livrés à leur vaisseau et à eux-mêmes. Outre les risques de décalcification des os et d’anémie provoqués par un séjour prolongé en apesanteur, sans parler des radiations spatiales, il faut encore abreuver et nourrir les passagers durant cette transhumance.
La vie au ralenti
Un enjeu logistique majeur pour lequel l’ESA, l’agence spatiale européenne, estime avoir identifié une solution intéressante issue du monde animal bel et bien terrestre : plonger les astronautes en hibernation en s’inspirant de l’ours.
En réduisant leur fréquence cardiaque, leur rythme de respiration et leur activité générale, ces plantigrades peuvent réduire drastiquement leurs besoins en énergie, traversant ainsi plus aisément les périodes hivernales où les ressources sont rares. Or les chercheurs de l’ESA pensent que les humains pourraient faire de même : ils estiment que réduire sur ce schéma l’activité métabolique d’un équipage, ne serait-ce qu’à 25 % de la normale, réduirait considérablement les besoins en eau et en nourriture, tout comme les besoins en espace de vie nécessaires pour une mission de plusieurs mois. Ils estiment aussi que l’hibernation pourrait aider l’équipage à passer le temps et à réduire le stress et les tensions qui ne manqueraient pas de se déclarer.
Une nacelle d’hibernation protégée des radiations
Pour faire hiberner les astronautes, les scientifiques imaginent des sortes de nacelles souples disposées dans un environnement apaisant, avec des lumières tamisées, une température basse — moins de 10 °C — et une humidité élevée. en outre, celles-ci pourraient être entourées d’une double cloison remplie d’eau, ce qui constituerait un bouclier efficace contre les radiations cosmiques. Une intelligence artificielle se chargera, elle, de gérer des opérations de routine, mais aussi les anomalies et les urgences. Elle surveillera les consommations d’énergie ainsi que les constantes des astronautes.
La piste de l’hibernation afin d’épargner nos organismes sur de longs trajets dans l’espace a fait les beaux jours des œuvres de science-fiction, mais les travaux de l’ESA démontrent qu’elle n’a rien d’un lieu commun issu de la littérature ou du cinéma, et qu’elle pourrait bien repousser drastiquement les frontières de notre imaginaire.