Dans un contexte de crainte d’une bulle boursière, certains pointent la tech. Mais pour la célèbre investisseuse Cathie Wood, une bulle est plutôt en train de se créer autour des fonds indexés (valeur sûre sur laquelle de nombreux investisseurs se replient). Aussi, les actions qui étaient fortes durant la pandémie, celles d’entreprises proposant des solutions « distancielles », ont peut-être connu une forte chute, mais aujourd’hui elles deviennent des valeurs fondamentales, estime-t-elle encore.
En observant le marché des actions, certains voient une bulle comme celle en 2000, la fameuse bulle internet ou dot com, se former. Depuis le début de la pandémie, le marché a été en constante excitation. Les prix des actions dépassent tous les records, poussés par des taux d’intérêts bas, l’arrivée des boursicoteurs de Reddit et plus largement de l’investissement du grand public, ou encore des aides publiques pour faire face à la pandémie. Les start-ups qui ont fait des IPO en 2020 ont pu mobiliser plus de sommes que jamais auparavant, et en 2021 ces sommes ont encore doublé.
Tous les ingrédients d’un cocktail – « bulle qui va éclater » – réunis? Certains éléments commencent déjà à annoncer que la situation s’ébranle : les entreprises et start-ups tech qui ont fait une IPO en 2021 ont depuis fortement perdu en valeur, et les rallies des boursicoteurs inexpérimentés se sont tous soldés par un échec.
Pour la célèbre investisseuse Cathie Wood, connue pour repérer les nouvelles tendances dans le domaine de la tech, il n’y aurait pas de bulle tech prête à éclater à l’horizon, explique-t-elle sur son blog, (analyse reprise par le média Quartz). Elle fonde son analyse sur deux éléments : d’un côté, les actions d’innovations dans la tech en temps de pandémie sont en train d’entrer dans une période de valeur fondamentale. Et de l’autre côté, la bulle serait plutôt en train de se créer auprès des fonds indexés.
Les actions « restez-à-la-maison »
Les actions en question sont celles d’entreprises qui proposent des services à distance : appels vidéo, consultations médicales, signature de documents, etc. Les voix qui craignent un éclatement de la bulle pensent notamment à ces actifs : au début de la pandémie, ces solutions sont devenues indispensables. Et les investisseurs se sont jetés sur les actions comme Zoom etc., qui ont pris près de 1000% en valeur en peu de temps. Avec l’annonce des premiers vaccins, les cours ont chuté.
C’est dans cette configuration que Cathie Wood voit une aubaine. Son entreprise ARK Invest possède beaucoup d’actions de ce type, et lorsque les investisseurs ont commencé à revendre leurs parts d’entreprises spécialisées dans le distanciel, Cathie a continué à acheter. Selon elle, après une année 2021 de chute continuelle, les actions sont aujourd’hui entrées dans « un territoire de valeur fondamentale » ; elles s’achètent pour peu cher par rapport aux bénéfices des entreprises, et le potentiel de relance des actions (notamment l’idée qu’un mélange entre présentiel et distanciel va rester après la pandémie).
Les fonds indexés en route vers une bulle?
Les fonds indexés sont habituellement considérés comme des valeurs sûres, le principe est d’acheter plus ou moins aveuglément une bonne poignée d’actions des plus grandes entreprises sur le marché, fort diversifiées, en résumé. Le gestionnaire de fonds Vanguard en gère par exemple un (un ETF), qui contient des centaines de milliards de dollars investis. Une part de ce fonds coûtait 425,69 dollars mardi. Il contient 512 actions (des actions de chaque entreprise sur l’S&P 500), et 31,4% des actions sont issus des 10 plus grandes entreprises en valeur marchande.
Avec la peur d’omicron, de nombreux investisseurs se retirent d’actions plus risquées pour se reconcentrer sur des actifs plus sûrs, comme les fonds indexés. D’un côté, il y a donc beaucoup d’engouement pour ces actions.
D’un autre côté, les prix sont surestimés, les fonds se vendent bien au-dessus de la valeur que définiraient les performances sous-jacentes, analyse l’investisseuse. En plus, ces fonds sont liés au S&P 500, où le ratio prix/bénéfice est plus haut qu’habituellement (notamment depuis le début de la pandémie). Plus ce ratio est haut, plus l’action est (trop) chère par rapport aux bénéfices de l’entreprise.
« Regarder la direction du ratio »
Si ce ratio est considéré comme un élément pouvant distinguer la surévaluation et le potentiel de bulle, il est alors intéressant d’observer ce ratio pour Zoom : pendant la pandémie, il a eu trois pics à plus de 3.000. Aujourd’hui, il est à 54, donc toujours plus du double du ratio du S&P 500, vérifie le média Quartz.
Mais finalement selon Cathie Wood, il s’agit d’une question de direction du mouvement. Le prix de cette action est en baisse, et en train de se rapprocher du vrai prix par rapport à ses performances, mais les fonds indexés, eux, sont en augmentation, et s’éloignent ainsi de la valeur que la performance de ces entreprises justifierait.
Elle regarde alors les dix années à venir, et cette surévaluation des fonds ne va apporter que des maigres bénéfices, projette-t-elle. Ceci dit, son entreprise préfère investir dans les actifs plus risqués, rapportant plus, à court terme, et son portefeuille contient des actifs plus exposés à la volatilité.
Disclaimer: cet article ne fait pas office de conseil, mais doit se lire à titre d’information. Investir comporte toujours des risques.