2022 marquera sans doute le déploiement sur les marchés internationaux des comprimés oraux contre le Covid-19. Ce mardi, Pfizer a annoncé des résultats très encourageants. Dans le même temps, Merck, qui était en avance, est contraint de revoir l’efficacité de son médicament à la baisse.
Début novembre, Pfizer avait annoncé à partir de résultats préliminaires que sa pilule contre le coronavirus, le Paxlovid, affichait une redoutable efficacité pour faire diminuer les hospitalisations et les décès chez les personnes à haut risque. Ce mardi, la société pharmaceutique américaine confirme: il y aurait 89% de risques en moins lorsque ces personnes prennent le médicament dans les trois jours suivant l’apparition des symptômes.
Pour avancer ce chiffre, Pfizer s’est basé sur des essais cliniques de phase 2/3 réunissant plus de 2200 personnes. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, la Big Pharma a également annoncé que son traitement devrait rester efficace contre le variant Omicron, bien que des recherches supplémentaires restent nécessaires pour en être certain.
Pfizer a également publié les premières données d’un autre essai clinique montrant que le traitement a réduit les hospitalisations d’environ 70% chez quelque 600 adultes à risque « standard », rapporte CNBC.
« Nous parlons d’un nombre stupéfiant de vies sauvées et d’hospitalisations évitées. Et bien sûr, si vous déployez ce traitement rapidement après l’infection, nous sommes susceptibles de réduire la transmission de manière spectaculaire », s’est réjoui Mikael Dolsten, directeur scientifique de Pfizer.
Soupe à la grimace chez Merck
Si Pfizer a le sourire, c’est moins le cas de Merck. Début octobre, cette dernière avait annoncé que son antiviral contre le Covid-19, le Molnupiravir, réduisait de 50% les risques d’hospitalisation et de décès chez les personnes à haut risque. Finalement, il s’est avéré que ce chiffre n’était en réalité que de 30%.
En outre, certains scientifiques ont émis des inquiétudes quant au risque de malformations congénitales lié au médicament de Merck, ainsi qu’à la possibilité qu’il fasse muter le virus.
Quid des autorisations ?
Pour l’instant, le Paxlovid de Pfizer n’a pas encore reçu d’autorisation. « Nous sommes dans des dialogues réglementaires très avancés avec l’Europe et le Royaume-Uni, et nous avons des dialogues avec la plupart des grandes agences réglementaires mondiales », a commenté M. Dolsten. Un feu vert est également attendu outre-Atlantique.
Concernant le Molnupiravir de Merck, les choses sont différentes. Le médicament a reçu à la mi-novembre une approbation de la part du régulateur européen (l’EMA) pour une utilisation en cas d’urgence, sauf pour les femmes enceintes ou les femmes qui n’utilisent pas de contraception et pourraient tomber enceintes. Ce qui signifie que les pays de l’Union européenne peuvent décider individuellement d’y avoir recours en cas de pic d’infections.
Depuis, la pilule de Merck n’a toutefois pas encore été administrée dans l’UE. Des négociations sont en toujours en cours avec la Belgique concernant l’achat de 10.000 doses, tandis que la France, elle, a freiné des quatre fers vendredi dernier. La Haute autorité de santé (HAS) n’a pas donné son feu vert au médicament pour une « autorisation d’accès précise », malgré des dizaines de milliers de précommandes émises par le gouvernement. En cause: son manque d’efficacité.
Son de cloche tout à fait différent au Royaume-Uni. Cette semaine marque le déploiement massif de l’antiviral de Merck: des milliers de patients « parmi les plus vulnérables » (et positifs au Covid) vont pouvoir en prendre chez eux. C’est encore différent aux Etats-Unis, où le régulateur (la FDA) ne s’est pas encore prononcé définitivement, bien qu’il ait déjà émis un avis favorable.
Selon les experts, une pilule antivirale efficace aurait un impact majeur sur la pandémie en rendant le traitement disponible à domicile. Les traitements actuels ne sont disponibles que par injection ou par voie intraveineuse.