Pénuries de jouets, produits alimentaires, appareils électroniques… : le cauchemar ne fait que commencer

Les rayons des grands magasins pourraient se vider de plus en plus au cours des prochaines semaines, à mesure que la situation de la chaîne d’approvisionnement s’aggrave. Selon l’agence de cotation Moody’s, les prochains mois pourraient en effet être difficiles, surtout durant la période de Noël, avant – heureusement – de s’améliorer.

Les cadeaux sous le sapin pourraient être moins nombreux cette année. Et les difficultés financières auxquelles ont fait face de nombreux foyers avec la crise sanitaire ne seraient pas la seule explication à cela. Les problèmes que rencontre la chaine d’approvisionnement depuis un moment déjà pourraient rendre certains produits introuvables dans les rayons au cours des prochaines semaines. La fin d’année pourrait donc être synonyme de rupture de stock pour de nombreux produits, notamment les jouets, certains appareils électroniques, électroménagers et meubles.

Des raisons multiples, un effet boule de neige

On sait depuis un moment déjà que plusieurs secteurs font face à une pénurie de puces électroniques, en raison de divers problèmes de production. La crise sanitaire n’y est évidemment pas étrangère. Malheureusement, malgré les investissements réalisés par les fabricants pour tenter d’inverser la vapeur, la pénurie pourrait persister durant plusieurs mois encore. Certains affirment d’ailleurs que la crise pourrait ne pas se résorber avant 2023. Mais les problèmes que rencontre la chaine d’approvisionnement ne sont pas seulement liés à cette pénurie.

Les restrictions de mobilités dues au coronavirus, l’encombrement des principaux ports de marchandises – également lié à la pandémie qui a perturbé le trafic mondial – et la pénurie de chauffeurs routiers ont mis sous tension la chaine d’approvisionnement. Les deux derniers points sont d’ailleurs fortement liés, le premier mettant la pression sur le second et inversement, tel un serpent qui se mange la queue. Pour vous donner un ordre d’idée: le prix d’un conteneur a été multiplié par 7 par rapport à son niveau d’avant-crise.

Selon l’Association des ports britanniques (BPA), la congestion des ports mondiaux qui obligent les porte-conteneurs à dérouter de l’Angleterre vers les ports européens pourrait encore durant 6 à 9 mois, rapporte l’AFP. Une situation qui n’est pas propre à l’Europe. La Chine et les États-Unis ne sont pas épargnés et la situation serait d’ailleurs bien pire là-bas, selon la BPA, ce qui n’est évidemment pas une bonne nouvelle à l’échelle mondiale.

Aux États-Unis, le président Biden souhaite trouver une solution pour remédier aux goulots d’étranglement qui, à seulement 10 semaines de Noël, pourraient perturber la saison des fêtes de fin d’années, mais aussi créer de nouvelles turbulences économiques aux États-Unis et mettre en péril le plan de relance de Joe Biden.

Un pire avant un mieux

Malheureusement, la situation ne devrait pas aller en s’améliorant. En tout cas, pas sur le court terme. Selon Moody’s Analytics, les perturbations de la chaine d’approvisionnement « s’aggraveront avant de s’améliorer ». Mais avant que la situation aille mieux, la forte reprise économique mondiale post-covid sera très certainement entravée par la crise de la chaine d’approvisionnement.

La croissance économique devrait d’ailleurs en être affectée. Le FMI a baissé ses prévisions concernant la croissance américaine pour 2021 d’un point, en partie à cause des perturbations de la chaine d’approvisionnement, mais aussi par l’affaiblissement de la consommation qui est en réalité liée au premier problème. Le manque de produits de consommation nuit tout simplement à la consommation.

Selon Moody’s, le fait que chaque pays a ses propres règles en matière de lutte contre le coronavirus a un impact direct sur les problèmes de la chaine d’approvisionnement. Les transporteurs qui entrent et sortent des ports stratégiques de la chaine d’approvisionnement du monde entier sont ralentis par ce manque d’harmonisation des règles.

La vision de l’agence de cotation est loin d’être optimiste, même si la situation devrait s’arranger après avoir empiré. Plusieurs analystes indépendants vont également dans ce sens. Mais quand est-ce que la situation reviendra à la normale ? Difficile à dire. Il y a de fortes chances pour que la situation persiste voire empire au cours des deux prochains mois.

Plus