Depuis quelques mois, Amazon change son fusil d’épaule sur la façon dont elle considère le cannabis. Ce mardi, le géant de l’e-commerce a expliqué qu’il exerçait du lobbying auprès du gouvernement américain pour la légalisation de la marijuana. Tout en annonçant assouplir sa politique interne en la matière.
En juin dernier, Amazon avait annoncé soutenir le Marijuana Opportunity Reinvestment and Expungement Act, qui vise à décriminaliser le cannabis au niveau fédéral, à effacer les casiers judiciaires et à investir dans les communautés touchées. Ce mardi, dans un billet de blog, la société a indiqué avoir commencé à faire « activement du lobbying » en sa faveur.
Par la même occasion, Amazon a fait savoir qu’elle soutenait également le Cannabis Administration and Opportunity Act. A l’image du premier cité, ce projet de loi vise à retirer le cannabis de la liste fédérale des drogues « Schedule 1 », qui comprend le LSD et l’héroïne, et à permettre un certain niveau de légalisation nationale.
Dans une lettre adressée aux législateurs au sujet de ce projet de loi, Amazon a exhorté le Congrès à effacer les crimes fédéraux non violents liés à la marijuana et à permettre une nouvelle condamnation de toute personne purgeant une peine dans une prison fédérale pour ces crimes, tout en poussant les États à prendre des mesures similaires.
« Pendant trop longtemps, les dispositions pénales sur la marijuana ont été appliquées de manière inégale aux personnes de couleur, perpétuant la sur-incarcération, la pauvreté, les problèmes de santé et d’autres obstacles aux opportunités économiques. Nous pensons qu’il est nécessaire d’éliminer ces crimes que notre société a portés sur les épaules des communautés de couleur. Et en tant que deuxième employeur du pays, nous soutenons la radiation pour garantir que toutes les personnes capables aient une chance équitable de chercher et d’obtenir un emploi où elles le souhaitent. Enfin, nous soutenons les subventions de réinvestissement communautaire, qui peuvent avoir un impact positif dans la poursuite de la justice sociale », a commenté Beth Galetti, vice-présidente des ressources humaines chez Amazon.
Amazon a déjà dépensé au moins 5 millions de dollars en lobbying, selon des données examinées par Business Insider, aux côtés de plus de 160 autres groupes qui ont fait pression sur le gouvernement en faveur de la légalisation du cannabis, lors du deuxième trimestre 2021.
Changement en interne
En plus de ce lobbying pour la légalisation du cannabis au niveau fédéral, Amazon a indiqué avoir « rétabli l’éligibilité à l’emploi » des anciens employés et candidats qui avaient été licenciés ou ajournés lors de dépistages aléatoires ou pré-embauche de la marijuana.
« Les tests de marijuana avant l’emploi ont affecté de manière disproportionnée les communautés de couleur en retardant le placement professionnel et, par extension, la croissance économique, et nous pensons que ce traitement inéquitable est inacceptable », a déclaré Mme Galetti.
En juin dernier, Amazon avait déjà annoncé qu’elle ne ferait plus passer de tests de dépistage de la marijuana à certains de ses employés. Les seuls candidats à l’emploi que la société contrôlera pour cette drogue sont ceux qui postulent à des postes réglementés par le ministère des Transports, tels que les conducteurs de camions et les opérateurs d’équipements lourds.
Amazon a précisé qu’elle continuerait à effectuer des contrôles d’alcoolémie sur le lieu de travail et qu’elle effectuerait des tests de dépistage de drogues et d’alcool après tout incident.
Pourquoi Amazon devient-elle pro-cannabis ?
Dans le billet de blog de ce mardi, Amazon a rappelé les différents éléments qui l’avaient amenée à revoir sa politique en matière de cannabis:
- Dans la mesure où de plus en plus d’Etats légalisent le cannabis, il devient difficile de « mettre en œuvre un programme de dépistage avant l’embauche équitable, cohérent et national ».
- D’après les données nationales accessibles au public, « les tests de marijuana avant embauche ont un impact disproportionné sur les personnes de couleur et constituent un obstacle à l’emploi ».
- Amazon croit tellement rapidement qu’elle ne cesse d’embaucher. Eliminer le dépistage avant l’embauche lui « permet d’élargir son bassin de candidats ». Notons que les employés des entrepôts d’Amazon, qui constituent la majorité de la vaste main-d’œuvre de l’entreprise, présentent un taux de rotation notoirement élevé: environ 150%, selon un récent rapport du New York Times.
Sortie encore plus riche de la pandémie de coronavirus, Amazon engage à tours de bras. Et multiplie les stratégies pour attirer davantage d’employés. Au Etats-Unis, elle propose ainsi des primes à l’embauche et la prise en charge des frais de scolarité de ses salariés. La semaine dernière, elle a également augmenté son salaire de départ à plus de 18 dollars de l’heure, voire jusqu’à 22,5 dollars dans certaines régions. Cette suppression des tests de dépistage du cannabis avant l’embauche semble faire figure de nouvelle corde à son arc.
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