Israël: « Avoir eu le Covid protège beaucoup mieux contre le variant Delta que le vaccin Pfizer »

Depuis plusieurs semaines, on sait que le variant Delta se montre redoutable face aux vaccins, et en particulier face au Pfizer. D’après une grande étude menée en Israël, il entrerait en revanche beaucoup moins facilement dans un organisme qui a déjà combattu le coronavirus. De là à préférer la contamination volontaire à la vaccination, il y a un pas à ne surtout pas franchir.

Cet été, plusieurs études ont montré que le vaccin Pfizer était relativement peu efficace face à l’infection au variant Delta du Covid-19, tout en continuant d’afficher une très bonne protection face aux formes graves. Un phénomène qui s’est notamment clairement manifesté en Israël, où le taux de contamination s’est envolé malgré une campagne vaccinale rondement menée depuis le début de l’année.

A présent, une nouvelle étude israélienne – la plus grande étude d’observation en situation réelle menée à ce jour sur le sujet, selon ses auteurs – révèle qu’un rétablissement au coronavirus s’avère bien plus efficace face au variant Delta que le vaccin Pfizer. Celle-ci a été menée en analysant la base de données des Macabi Healthcare Services, un service de soins de santé qui comporte 2,5 millions de dossiers de patients israéliens.

D’après les chercheurs, les personnes ayant reçu les deux doses du vaccin Pfizer-BioNTech étaient de 6 à 13 fois plus susceptibles de contracter une infection au variant Delta et de 7 à 27 fois plus susceptibles d’avoir une maladie symptomatique (fièvre, toux, difficultés respiratoires, diarrhée, perte du goût ou de l’odorat, myalgies, faiblesse, maux de tête et maux de gorge) que celles qui se sont rétablies.

Le risque d’hospitalisation est également apparu plus élevé chez les personnes vaccinées que chez les personnes guéries. Mais leur nombre est extrêmement faible. Côté décès, rien à signaler dans les deux groupes.

Notons que les cas étudiés ici concernent des personnes qui ont été contaminées ou vaccinées en janvier et février. Les taux d’infection au variant Delta ont eux été calculés en juin, juillet et durant la première moitié du mois d’août, soit lorsque le variant était est devenu dominant en Israël.

« Ne vous faites pas infecter volontairement »

La réputée revue Science a demandé à des scientifiques n’ayant pas participé à l’étude de la commenter. Ils ne sont pas réellement surpris par les résultats.

« C’est un exemple classique de la façon dont l’immunité naturelle est vraiment meilleure que la vaccination. À ma connaissance, c’est la première fois que [cela] a vraiment été démontré dans le contexte du Covid-19 », a déclaré Charlotte Thålin, médecin et chercheuse en immunologie à l’hôpital Danderyd et à l’Institut Karolinska, qui étudie les réponses immunitaires au SRAS-CoV-2.

Cependant, les scientifiques ne veulent surtout pas que les résultats de cette étude soient mal interprétés. Chercher à se faire contaminer en vue d’éviter le vaccin et d’être ensuite mieux protégé est dangereux.

« Ce que nous ne voulons pas, c’est que les gens se disent : « Très bien, je devrais sortir et me faire infecter, je devrais organiser une fête de l’infection ». Parce que quelqu’un pourrait mourir », a averti Michel Nussenzweig, un immunologiste de l’Université Rockefeller.

En outre, tenter l’infection volontaire pourrait très bien mal tourner pour soi-même. L’étude montre les avantages de l’immunité naturelle, mais « ne tient pas compte de ce que ce virus fait à l’organisme pour arriver à ce point », a souligné Marion Pepper, immunologiste à l’Université de Washington, à Seattle. En plus des risques de développer une forme grave, voire une hospitalisation, il y a le risque de subir un Covid long.

Notons enfin que les scientifiques interrogés par Science voient certaines limites à cette étude, comme la faiblesse inhérente d’une analyse rétrospective par rapport à une étude prospective qui teste régulièrement tous les participants en suivant les nouvelles infections, les infections symptomatiques, les hospitalisations et les décès dans le temps. De plus, les chiffres des contaminations et des cas symptomatiques étant tout de même assez bas, cela a tendance à créer des taux avec des écarts plus spectaculaires.

Ce que l’étude dit également

Les chercheurs israéliens ont également analysé le cas des personnes qui se sont rétablies du coronavirus et qui ont reçu une dose du vaccin. En effet, en début d’année, l’Etat hébreu n’administrait qu’une seule dose de vaccin aux personnes ayant déjà guéri du virus.

Il est apparu que ces personnes était un peu mieux protégées face à l’infection au variant Delta que les personnes guéries qui n’avaient reçu aucune dose du vaccin. Sans grande surprise, la combinaison « rétablissement+vaccin » est donc la formule la plus protectrice.

« Nous continuons à sous-estimer l’importance de l’immunité naturelle contre l’infection, en particulier lorsque l’infection est récente. Et lorsque vous renforcez cette immunité avec une dose de vaccin, vous atteignez des niveaux qu’aucun vaccin existant actuellement ne peut égaler », a conclu Eric Topol, médecin scientifique au Scripps Research.

Les données ont été publiées sous forme d’article préliminaire sur medRxiv et l’étude n’est pas encore passée par la case « évaluation par les pairs ». Elle peut être consultée ici.

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