Le Fonds monétaire international (FMI) ne voit pas d’un très bon œil l’adoption des cryptomonnaies comme monnaie nationale et le fait savoir dans un long billet de blog.
L’intérêt pour les cryptomonnaies ne cesse de grimper, poussant les petites et grandes nations à s’y intéresser. Plusieurs d’entre elles envisagent d’ailleurs de lancer leur propre monnaie numérique – Émirats arabes unis, États-Unis, Australie, Chine, Japon, etc. – ou tout simplement d’accepter les paiements en cryptomonnaies à l’échelle nationale. C’est notamment le cas du Salvador, premier pays à avoir fait du Bitcoin une monnaie légale, aux côtés du dollar américain. Un cas qui a inspiré le Paraguay. La situation prend une telle ampleur que le FMI s’est finalement décidé à prendre position.
À travers un billet de blog, le conseiller financier et directeur du département monétaire et des marchés de capitaux du FMI Tobias Adrian et la conseillère générale et directrice du département juridique du FMI Rhoda Weeks-Brown concèdent que des monnaies numériques offrent plusieurs avantages. Elles « ont le potentiel de fournir des paiements moins chers et plus rapides, d’améliorer l’inclusion financière, d’améliorer la résilience et la concurrence entre les prestataires de paiement et de faciliter les transferts transfrontaliers », mais les deux conseillers mettent tout de même en garde les pays qui souhaiteraient emboiter le pas au Salvador.
La volatilité du prix du Bitcoin est évidemment au cœur de leurs préoccupations. L’adoption de cette cryptomonnaie comme monnaie nationale « soulève un certain nombre de questions macroéconomiques, financières et juridiques qui nécessitent une analyse très attentive », indiquait déjà le directeur de la communication du FMI, Jerry Rice, en juin dernier, comme le rappelle ZDNet.
Les risques sont nombreux
Faire des cryptomonnaies une unité monétaire officielle « nécessite des investissements importants ainsi que des choix politiques difficiles, tels que la clarification du rôle des secteurs public et privé dans la fourniture et la règlementation des formes numériques de monnaie », indiquent Adrian et Weeks-Brown dans leur billet. Malheureusement, de nombreux pays sont tentés de prendre des raccourcis pour le faire. Or, pour les deux conseillers du FMI, « les risques et les coûts l’emportent sur les avantages potentiels ».
« Les crypto-actifs sont des tokens émis de manière privée basés sur des techniques cryptographiques et libellés dans leur propre unité de compte. Leur valeur peut être extrêmement volatile. Bitcoin, par exemple, a atteint un sommet de 65 000 $ en avril et s’est effondré à moins de la moitié de cette valeur deux mois plus tard », soulignent-ils également.
Mais le plus grand risque à cela concerne la stabilité macroéconomique. Adopter une cryptomonnaie comme monnaie nationale réduirait le contrôle des banques centrales concernant la masse monétaire en circulation et la fixation des taux d’intérêt. « Lorsqu’un pays adopte une devise étrangère, il « importe » la crédibilité de la politique monétaire étrangère et espère aligner son économie – et ses taux d’intérêt – sur le cycle économique étranger. Ni l’un ni l’autre n’est possible dans le cas d’une adoption généralisée des crypto-actifs », expliquent les deux les conseillers. « En conséquence, les prix intérieurs pourraient devenir très instables. Même si tous les prix étaient cotés en Bitcoin, par exemple, les prix des biens et services importés continueraient de fluctuer massivement, suivant les caprices des valorisations boursières ».
Or, on le sait, le prix du Bitcoin est particulièrement sensible à de nombreux éléments extérieurs, notamment aux déclarations d’Elon Musk, le PDG de Tesla. Ses récents tweets concernant cette cryptomonnaie ont en effet boosté ou fait chuter le cours du Bitcoin. Faire d’une monnaie virtuelle aussi volatile l’unité monétaire officielle d’un pays représente en effet un risque. Quant à l’accepter officiellement comme moyen de paiement, un encadrement légal semble plus que nécessaire.
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