S’il s’agit de deux des entreprises les plus puissantes de la planète, Tesla et Apple ne sont pas en concurrence directe. Du moins, pas pour l’instant. Les deux firmes pourraient bientôt se marcher sur les pieds. Et Elon Musk compte bien se faire passer pour le gentil dans l’histoire.
Tesla construit (essentiellement) des voitures électriques, Apple (essentiellement) des smartphones, tablettes et ordinateurs. À priori, ils ne sont pas rivaux. Toutefois, avec son projet Titan, la marque à la Pomme pourrait bien s’immiscer sur les plates bandes de l’entreprise d’Elon Musk. Même si pas grand-chose n’a filtré à ce sujet, on sait qu’elle prépare une voiture électrique, potentiellement autonome.
De quoi faire peur au patron de Tesla ? On n’en est pas encore là, mais il vient de décocher deux flèches dans Apple, à l’occasion d’une conférence sur les (très bons) résultats de sa société.
Acte 1: Musk, grand altruiste
La semaine dernière, Elon Musk avait annoncé que Tesla comptait rendre ses bornes de recharge accessibles aux véhicules électriques d’autres marques. Interrogé sur le pourquoi de cette décision aux atours très généreux, il a répondu ceci: « Je pense que nous voulons souligner que notre objectif est de soutenir l’avènement de l’énergie durable. Il ne s’agit pas de créer un jardin clos et de l’utiliser pour matraquer nos concurrents, ce qui est utilisé par certaines entreprises. »
Une référence claire et nette à Apple, le « jardin clos » ayant trait au système d’exploitation utilisé pour contrôler rigoureusement les logiciels pouvant être installés sur l’iPhone via l’App Store. La firme dirigée par Tim Cook fait l’objet d’un examen minutieux de la part des législateurs, notamment dans le cadre d’un procès antitrust qui a eu lieu plus tôt cette année suite à une plainte d’Epic Games pour les frais et les politiques de la boutique à applications d’Apple.
C’est d’ailleurs pour ce même procédé que la marque à la Pomme verra un procès s’ouvrir à son encontre au mois de septembre en France. Elle y est poursuivie par la Direction générale de la concurrence pour « pratiques commerciales abusives ».
Notons tout de même que si Elon Musk la joue partageur sur ce terrain-là, ouvrir les bornes Tesla aux autres voitures, c’est aussi (et surtout ?) un choix qui lui sera profitable sur le plan financier. « Je pense que cela a toujours fait partie du modèle économique d’Elon Musk.. Tesla a investi des milliards dans la construction de ce réseau au cours des dix dernières années. Ils vont maintenant gagner de l’argent là-dessus », avait déclaré Paul Harms, directeur de la société de leasing Mobility Service, à ChangeInc, la semaine dernière.
Acte 2: Musk, respectueux des droits de l’homme
Lors de cette même conférence, Elon Musk a été amené à évoquer la chaîne d’approvisionnement de Tesla. Il a tenu à démentir les rumeurs selon lesquelles sa société utiliserait beaucoup de cobalt pour produire les cellules lithium-ion utilisées notamment dans les batteries voitures électriques.
« Apple utilise, je pense, presque 100% de cobalt dans ses batteries, ses téléphones portables et ses ordinateurs portables, mais Tesla n’utilise pas de cobalt dans ses accumulateurs fer-phosphate, et presque pas dans ses batteries au nickel. En comparaison, en faisant une moyenne pondérée, nous utilisons probablement 2% de cobalt par rapport aux 100% estimés d’Apple », a assuré Elon Musk.
Le sujet est très sensible, dans la mesure où une partie du cobalt extrait dans des pays comme la République démocratique du Congo a été liée à des violations des droits humains telles que le travail d’enfants. En 2019, Tesla avait fait partie d’une liste – révélée par le Guardian – de géants de la tech qui auraient utilisé du cobalt obtenu dans des conditions contraires aux droits de l’homme. Apple avait également été ciblé. Un procès avait même été intenté par 14 familles de RDC à l’encontre des Big Tech concernées.
Apple n’a pas souhaité répondre aux déclarations de Musk, sur aucune des deux thématiques.
Sur le même sujet: