Il y a deux semaines, les CDC du ministère américain de la Santé ont annoncé que les personnes entièrement vaccinées ne seraient plus tenues de porter un masque buccal, tant à l’extérieur qu’à l’intérieur. Joe Biden a confirmé triomphalement les nouvelles directives devant les caméras de la Maison Blanche. Mais en attendant, il s’avère que 61% des personnes entièrement vaccinées s’y accrochent toujours. 1 personne sur 4 ne le fait même pas par peur du Covid-19, mais parce qu’il veut se protéger d’autres maladies. Par ailleurs, la promesse de pouvoir vivre sans masque si l’on est vacciné ne semble pas non plus convaincre les sceptiques du vaccin.
L’habitude de porter un masque n’a donc pas été fortement modifiée par les nouvelles directives des Centers for Disease Control and Prevention (CDC). La plupart des personnes interrogées (61%), y compris plus de la moitié de celles qui étaient complètement vaccinées, ont déclaré qu’elles continuaient à en porter à l’extérieur.
49% des personnes interrogées, vaccinées ou non, qui ont continué à porter un masque buccal ont déclaré le faire pour se protéger du coronavirus. 42% ont déclaré vouloir s’assurer qu’elles ne transmettent pas le virus à leur entourage. Mais, et cela reste frappant, 21% ont déclaré continuer à en porter pour se protéger de maladies autres que le coronavirus. Seuls 8% ont déclaré porter un masque parce qu’elles avaient peur que les autres les regardent de travers si elles n’en avaient pas.
La fin de l’obligation des masques est en partie destinée à relancer la vaccination, qui stagne
Pour certains, la décision se résume à un manque de confiance, à la fois dans les personnes non vaccinées qu’ils pourraient rencontrer et dans des institutions comme les CDC, qui ont envoyé des messages contradictoires sur le port du masque au début de la pandémie. Il y a environ deux semaines, les CDC ont annoncé que le nombre croissant de preuves démontrant de faibles taux de transmission chez les personnes vaccinées avait contribué à leur décision de publier de nouvelles directives sur les masques. Mais une partie de l’élan derrière ces nouvelles directives peut aussi consister à vouloir démontrer les avantages de la vaccination et à fournir une meilleure incitation pour ceux qui y rechignent toujours.
Car les Etats-Unis sont face à un problème. La volonté du public américain de se faire vacciner contre le Covid a déjà atteint un point de saturation. Le pays a commencé à vacciner très rapidement, et en masse. Un peu moins de 165 millions d’Américains ont maintenant reçu une première dose et 131 millions ont été complètement vaccinés. Cela représente respectivement 49% et 40% de la population. Un chiffre qui pourrait ne plus augmenter de façon spectaculaire. A peine 9%, selon les enquêtes.
Deux tiers (66%) des femmes américaines disent avoir été vaccinées ou qu’elles le seront dès que possible, contre 63% des hommes. Ce chiffre est inférieur à l’objectif initial d’immunité de groupe de 70%. Un nouveau problème est également apparu : bien que le vaccin de Pfizer, entre autres, sera bientôt autorisé pour les enfants, 2 parents américains sur 3 semblent hésiter à faire vacciner leur progéniture contre le Covid-19. Environ un quart d’entre eux sont particulièrement catégoriques, et disent même qu’ils garderaient leurs têtes blondes à la maison au cas où leur école exigerait qu’elles soient vaccinées.
Plus sensibles à un incitant financier
Selon les données du Covid-19 Health and Politics Project de l’UCLA, un quart des personnes non vaccinées disent ne pas avoir confiance dans les motivations du gouvernement, et 14% pensent que le Covid-19 ne représente pas une menace pour elles. Environ 30 millions d’Américains n’ont tout simplement pas pu se rendre sur un lieu de vaccination en raison d’horaires de travail, de barrières linguistiques, d’un manque de moyens de transport, d’un handicap ou d’autres problèmes d’accessibilité. Ce même projet a également permis d’évaluer dans quelle mesure la promesse de ne plus avoir à porter de masque lors d’une vaccination complète pouvait convaincre les sceptiques et les réfractaires. Le résultat n’a pas été spectaculaire: entre 10 et 15 %. Beaucoup moins que les 35% qui seraient convaincus si on leur donnait 100 dollars pour le faire – 28% le feraient même si on leur donnait 25 dollars.
Afin de convaincre les Américains de se faire vacciner, les incitations les plus folles ont été mises en place. De la bière gratuite à une prime pour quiconque amène une personne à vacciner.
Dès le mois de février, de grandes entreprises ont commencé à annoncer des initiatives visant à ‘encourager fortement’ la vaccination de leurs employés, parfois en leur offrant un salaire supplémentaire et des primes. Ce mois-ci, la Maison Blanche a annoncé un partenariat national avec Uber et Lyft pour offrir des trajets gratuits vers et depuis les sites de vaccination du 24 mai au 4 juillet. L’administration Biden s’associera également avec des chaînes de supermarchés nationales, des détaillants et des ligues sportives pour offrir des réductions et des promotions à ceux qui se font vacciner.
De magnifiques voyages à gagner
United Airlines a récemment lancé une initiative à l’intention des voyageurs réguliers: les membres MileagePlus qui téléchargeront sur leur compte, avant le 22 juin, la preuve de leur vaccination contre le Covid-19 participeront à un concours permettant de gagner des voyages gratuits. Trente participants sélectionnés au hasard gagneront deux billets aller-retour pour n’importe quelle destination dans le monde, et cinq heureux élus recevront un an de vols gratuits au sein de la compagnie aérienne, pour deux personnes.
De plus en plus d’États et de villes ont donc recours à une série d’incitations pas si subtiles pour mettre davantage de piqûres dans les bras des Américains. Le New Jersey offre une ‘piqûre et une bière’ aux habitants qui reçoivent leur première dose de vaccin en mai. Une fois vaccinés, ils peuvent se rendre dans les brasseries participantes de l’État pour obtenir une pinte gratuite. Le Connecticut propose un programme similaire, dans le cadre duquel les personnes qui ont reçu au moins une dose de vaccin peuvent obtenir une boisson gratuite – alcoolisée ou non – pendant une partie du mois de mai dans les restaurants participants.
Detroit offre des cartes prépayées de 50$ à toute personne qui en conduit une autre à un site de vaccination. Il n’y a pas de limite au montant que les gens peuvent gagner avec ce système, mais ceux qui engrangent 600 dollars ou plus devront en faire part dans leur déclaration de revenus.
Enfin, les fonctionnaires du Maryland reçoivent une prime de 100 dollars en échange de leur vaccination. En Virginie-Occidentale, un républicain offre 100 dollars en obligations d’État aux jeunes de 16 à 35 ans qui se font vacciner contre le Covid-19.
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