Interrogée sur les enjeux climatiques de l’industrie du bitcoin en commission ce mardi, la ministre de l’Environnement n’a pu que confirmer un ‘problème environnemental certain’.
Le sujet d’actualité ne semblait guère passionner l’écologiste Zakia Khattabi ce matin. Questionnée sur l’énorme consommation électrique de Bitcoin et l’impact climatique d’un euro numérique à venir, la ministre de l’Environnement et du Climat a donné l’impression de sortir une fiche de notes rédigée quelques années auparavant.
‘Les cryptomonnaies subissent un processus de minage très énergivore. Il faut imaginer des milliers de personnes sur Terre faisant tourner en permanence leurs ordinateurs pour miner telle ou telle cryptomonnaie et espérer bénéficier d’une récompense’, a-t-elle d’emblée exposé au député PS qui l’interpellait.
Citant les projections théoriques d’une étude de 2019, la ministre fédérale a soutenu que l’écosystème du bitcoin consommerait la moitié de la consommation énergétique mondiale actuelle… si tout le monde se mettait à en miner.
Pourtant, à la même époque que l’étude mentionnée, l’Agence internationale de l’énergie (IEA) prenait déjà soin de relativiser ces prédictions ‘apocalyptiques’, ne pouvant s’empêcher d’y voir se répéter les mêmes avertissements sensationnalistes qu’à la fin des années 1990 à propos d’Internet.
Des monnaies fiduciaires moins énergivores ?
Suivant le raisonnement selon lequel l’intensité du minage dépend de la valeur de la pièce numérique à extraire, du prix de l’électricité et de la performance énergétique des ordinateurs utilisés, la ministre Khattabi a alors considéré que ‘le principe des cryptomonnaies actuelles pose un problème environnemental certain’.
Elle a brièvement reconnu qu’il existait néanmoins un potentiel de réduction d’empreinte énergétique, grâce à de ‘nouvelles cryptomonnaies’ ne recourant pas à la technique d’extraction informatique et se montrant donc moins énergivores. Mais sans conviction. Et sans compter sur les efforts qui essaiment partout pour décarboner l’industrie du bitcoin tels que le Crypto Climate Accord, en montrant une autre voie pour ‘verdir’ la finance mondiale.
‘A priori, je ne vois pas ce qu’une cryptomonnaie pourrait apporter de plus à l’environnement que la monnaie électronique conventionnelle. Cette dernière a également une empreinte énergétique d’un autre ordre que l’empreinte énergétique de la fabrication de billets et de pièces de monnaie qui, elle, diminue avec la diminution de ce moyen de paiement’, a ponctué la ministre Zakia Khattabi.
Quant à la question lui étant posée sur le projet d’euro numérique inspiré de l’univers crypto, la ministre de l’Environnement a préféré renvoyer la patate chaude à Mathieu Michel, ‘en charge du numérique’, voire au ministre des Finances Van Peteghem pour ce qui relève de la technologie qui serait employée par la Banque centrale européenne.
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