Lors d’une interview accordée à la CNBC, le milliardaire a réaffirmé son soutien envers l’atome. Bill Gates plaide pour des réacteurs de nouvelle génération, plus petits, qui viendraient complété l’offre du renouvelable. Un marché dans lequel le milliardaire a investi avec sa société Terrapower fondée en 2006.
Outre l’épineuse question de ses déchets radioactifs, l’énergie nucléaire jouit d’une mauvaise réputation suite aux catastrophes hypermédiatisées de Tchernobyl en 1986, ou plus récemment de Fukushima en 2011.
‘Le nucléaire a en fait été plus sûr que toute autre source de production [d’électricité]. Vous savez, les centrales au charbon qui générèrent des particules fines, les gazoducs qui explosent… les décès par unité de puissance sur ces autres approches sont bien plus élevés’, a déclaré Gates lors de l’interview à la CNBC. Une problématique qu’il avait déjà soulevée dans son livre intitulé Comment éviter une catastrophe climatique ?.
Pour le milliardaire, les problèmes liés au coût de l’énergie nucléaire et à la sécurité sont en passe d’être résolus. Gates fait notamment référence à l’utilisation de sodium liquide plutôt que de l’eau pour refroidir les réacteurs. Une technique qui permet notamment de réduire leur traille. ‘Alors que nous résolvons ces problèmes d’ingénierie et de coûts, j’espère que les gens seront ouverts d’esprit pour voir à quel point la prochaine génération sera incroyablement sûre.’
Vers un nouvel engouement ?
Le 3e homme le plus riche du monde observe d’ailleurs que l’énergie nucléaire gagne en popularité à l’échelle du globe. Un mouvement qui contredit les trajectoires que suivent des pays comme l’Allemagne, la France, ou encore la Belgique qui actera la fin du nucléaire en 2025. ‘Les Émirats arabes unis regardent au-delà de leur histoire avec les combustibles fossiles et viennent de démarrer le premier des quatre réacteurs nucléaires, qui au milieu de cette décennie fourniront 25% de son électricité. La Turquie et le Bangladesh construisent eux aussi leurs premiers réacteurs nucléaires. D’autres pays, comme la Pologne et l’Égypte ont l’intention de construire leurs premières centrales nucléaires dans un proche avenir.’
Aux États-Unis aussi, le regard méfiant adressé au nucléaire – énergie qui fournit 20% des besoins en électricité du pays – semble changer. Une nouvelle centrale sera d’ailleurs inaugurée sous peu avec deux réacteurs. Les États-Unis sont en plein débat autour de l’énergie suite à de récentes coupures d’électricité en Californie et au Texas.
Quid des énergies renouvelables ?
L’avenir n’est-il pas plutôt aux énergies renouvelables ? Une centrale nucléaire est un projet long de 15 ans en moyenne, explique Mark Jacobson, professeur de génie civil et environnemental à l’Université de Stanford. Est-il vraiment nécessaire de se pencher encore sur de nouvelles centrales alors que beaucoup de pays industrialisés visent la neutralité carbone d’ici 2050 voire 2030?
Le stockage des déchets nucléaires restent un énorme défi sans solution miracle. L’extraction de l’uranium est une pratique dangereuse et la prolifération des armes nucléaires n’est pas encore un problème du passé. Sans compter que les centrales émettent du CO2 lors de leur construction et de leur nécessaire démantèlement.
Selon Bill Gates, les énergies renouvelables sont confrontées à un problème insurmontable: les batteries. Les énergies éolienne et solaire doivent pouvoir être stockées car elles sont par définition intermittentes. ‘Jai perdu plus d’argent que quiconque dans la technologie des batteries’, réagit Bill Gates. ‘Et je suis d’ailleurs toujours engagé dans 5 entreprises liées au stockage de l’énergie.’
Pour le milliardaire, la solution se trouve dans de petites centrales nucléaires complémentaires aux énergies renouvelables. Des centrales au coût réduit et plus sûre. En outre Bill, Gates plaide pour que son pays conserve une expertise sur l’énergie nucléaire afin d’améliorer encore cette technologie à l’avenir.
Rappelons que Bill Gates possède des intérêts à voir cette énergie se renouveler. TerraPower, sa société fondée en 2006, devrait justement fournir ce genre de petits réacteurs nucléaires à la technologie avancée dans le courant de la décennie.