Le ministère allemand de l’Intérieur a travaillé sur des plans en vue d’augmenter artificiellement la peur du virus parmi la population. De cette manière, Berlin a voulu créer un soutien aux mesures drastiques. C’est ce qu’écrit le journal allemand Die Welt, qui a pu obtenir plusieurs emails internes.
Au début de la pandémie, le ministre de l’Intérieur Horst Seehofer (photo) a voulu faire comprendre les danger du coronavirus à sa population. Sa stratégie: s’attendre au pire pour préparer la population à suivre des mesures strictes. Cela s’est produit après que deux grands scientifiques allemands lui aient rendu visite.
Son secrétaire d’État Markus Keber a ensuite envoyé une série d’emails aux scientifiques et aux universités, leur demandant de rédiger conjointement un plan qui permettrait d’introduire ‘des mesures à caractère préventif et répressif’.
‘De préférence, le pire des scénarios’
Les universités et les scientifiques ont coopéré pour imaginer les ‘pires scénarios’. Ils ont élaboré des politiques qui impliquaient de jongler avec les taux de mortalité. Il a également été suggéré d’utiliser des images de personnes mourant d’étouffement, au cas où les services d’urgence ne pouvaient plus s’occuper des patients. Cela était censé engendrer la peur et la docilité au sein de la population. ‘Le fort sentiment d’impuissance doit être contenu. Cela peut se faire en propageant l’impression d’une forte intervention de l’État’, explique l’un des emails. Il fallait donc présenter les chiffres ‘les moins favorables’.
L’Institut Robert Koch, l’agence gouvernementale qui enquête sur la santé publique, a déclaré que 0,56% des personnes infectées mourraient. Cependant, un employé de l’Institut Leibniz pour la recherche économique (RWI) a suggéré de doubler ce chiffre. Finalement, les deux pourcentages ont été retenus dans le document final.
‘Si le gouvernement n’agit pas, 70% de la population pourraient être infectés. Le nombre de morts pourrait s’élever à des millions’, a averti Seehofer de mars à avril.
‘En théorie’
Selon Keber, le contenu des e-mails divulgués doit être nuancé. Au contraire, ils devraient être considérés comme des ‘scénarios théoriques’ auxquels se préparer.
L’opposition allemande n’est pas satisfaite de la réaction du gouvernement. Selon Dietmar Bartsch (Die Linke), ‘le gouvernement n’est pas autorisé à exiger des drames de la science’.
Konstantin Kuhle (FDP) écrit également sur Twitter ‘qu’il n’est pas possible pour le gouvernement de commander des résultats scientifiques sur mesure pour déterminer sa stratégie contre le coronavirus’.
En Belgique
En Belgique, c’est un peu différent, les scientifiques sont accusés de dramatiser la situation, envisageant à chaque fois le scénario du pire. Une critique qui est reprise en partie par le monde politique et particulièrement par les libéraux. Le virologue Marc Van Ranst est sans doute celui qui incarne le plus cette ligne dure.
Ce dernier avait répondu sèchement au président du MR, Georges-Louis Bouchez (MR), qui l’accusait de semer la peur sur les plateaux télé: ‘Monsieur Bouchez croit que nous, les professeurs d’université, sommes des genres de consultants, c’est une faute. Les consultants, on les paie très cher et ils ne disent rien. Ça ne fonctionne pas comme ça avec les experts et les professeurs d’université. Nous ne sommes pas des tueurs à gages, nous sommes là pour partager notre expertise et nous continuerons à le faire et peu importe ce qu’en pense Georges-Louis Bouchez.’