La semaine dernière, Spotify a battu des records à la Bourse de New York. Dans le même temps, il est attendu que la société de streaming musical affiche un bilan largement déficitaire pour l’année civile 2020. Et ce sont les consommateurs (et les artistes) qui pourraient casquer.
Vendredi dernier, l’action Spotify a atteint un pic historique, augmentant de 7% pour finir la journée à 353,11 dollars. Ce bond s’est traduit par une capitalisation boursière de 66,94 milliards de dollars, selon YCharts. Ce qui constitue là aussi un record.
Ces chiffres sont plus élevés que ce qu’avaient prédit les analystes. Bon nombre d’entre eux ont augmenté leurs prévisions sur le cours de l’action Spotify, la Bank Of America le faisant passer de 357 dollars par action à 428 dollars.
Comme l’explique musicbusinessworldwide.com, ce succès de Spotify sur le marché boursier étonne. Notamment par le fait que l’entreprise va plus que probablement annoncer un bilan fortement déficitaire pour 2020. Lors des neuf premiers mois de l’année écoulée, le géant du streaming musical a annoncé une perte d’exploitation de 224 millions d’euros. Sur l’année, le cap du quart du milliard d’euros sera facilement atteint.
Les artistes oubliés
Sur un petit nuage en bourse mais en déficit total. Un paradoxe que n’a pas manqué de commenter l’avocat de l’industrie musicale Chris Castle. D’après lui, ce système ‘est rationnel pour les investisseurs mais pas viable pour les créateurs du produit unique ou principal de l’entreprise’, à savoir les artistes.
‘Soyons clairs: les sociétés comme Spotify ne se lancent pas dans les affaires pour faire des bénéfices. Elles se lancent dans les affaires pour fourrer leur nez dans le creux des introductions en bourse le plus rapidement possible et pour partager cette richesse avec le moins de gens possible’, écrit-il sur son blog.
Pour Castle, Spotify a délibérément orienté son modèle économique déficitaire vers une croissance rapide, en menant ‘une course vers le bas sur le prix de l’abonnement et vers le haut sur le prix de l’action’. Il rappelle que la ‘croissance’ de Spotify repose essentiellement sur la ‘croissance du nombre d’abonnés’, ce qui implique des tarifs avantageux.
Problème: les artistes, déjà en en grande difficulté en raison de la crise sanitaire, ne profitent pas de cette euphorie boursière. Pour les ‘remercier d’avoir permis de doubler la valeur de l’entreprise’, Castle suggère à Spotify de leur reverser de l’argent (et plus précisément, des actions). Sur son blog, l’avocat propose une solution sur mesure permettant ‘d’équilibrer du jour au lendemain les inégalités et de fournir une alternative aux paiements de soutien des gouvernements’.
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Vers une augmentation des prix des abonnements
En parallèle de cette problématique, il apparaît que Spotify a l’intention de tout de même faire grimper les prix de ses abonnements. Comme le fait remarquer igen.fr, la plateforme est en train de sonder ses abonnés. Le géant suédois leur propose différents exemples d’augmentations tarifaires et leur demande s’ils lui resteraient fidèles.
Dans ses propositions, Spotify évoque une augmentation d’un euro pour le compte « Personnel » (passant à 10,99 euros) et pour le compte « Duo premium (passant à 13,99 euros). L’abonnement « Famille » pourrait quant à lui voir son prix augmenter davantage: actuellement à 15,99 euros chez nous, il est proposé à 17,99 et 20,99 euros dans les sondages. La formule « Étudiant » (aujourd’hui à 4,99 euros) n’est pas évoquée.
En octobre, lors de la présentation des résultats du troisième trimestre, le patron Daniel Ek avait déjà annoncé qu’il avait l’intention d’augmenter les prix de ses abonnements, se montrant assez confiant quant à la propension des abonnés de Spotify de ne pas lui faire faux bond.