La pandémie se présente de plus en plus comme un problème complexe et multidimensionnel. Mais il n’a jamais été perçu comme un handicap à long terme. Selon l’économiste et écrivain zambien Dambisa Moyo, il s’agit des facteurs qui ont le plus entravé la façon dont le Covid-19 a été appréhendé de façon globale. De nombreux politiciens ont déjà fait savoir que nous n’étions pas suffisamment préparés à un défi d’une telle ampleur… et la saga des masques et des vaccins le confirme.
Dimanche, Tedros Ghebreyesus, le directeur général de l’OMS, a répété que cette pandémie ne serait pas la dernière. ‘Néanmoins, le monde n’est pas prêt à lutter contre une autre calamité’, a-t-il déclaré. Pourtant, le Forum économique mondial (WEF) tirait déjà la sonnette d’alarme en janvier 2020 dans son rapport annuel sur les risques mondiaux, contre les conséquences possibles d’une pandémie.
Le WEF classe les maladies infectieuses année après année dans la liste des événements qui peuvent avoir un impact énorme sur la société. Une telle pandémie ‘entraînerait des pertes massives en vies humaines et perturberait totalement l’économie’, pouvait-on lire dans le rapport. Seul le danger lié aux armes de destruction massive serait plus élevé, mais moins probable.
L’entrepreneur technologique Bill Gates, numéro un des philanthropes, avait aussi déjà évoqué en 2017 ‘une épidémie qui pourrait coûter la vie à 30 millions de personnes’.
Changement climatique et cyberattaques
Outre les maladies infectieuses et une éventuelle guerre nucléaire, le rapport identifie deux autres menaces majeures. Les catastrophes potentielles telles que les ‘conditions météorologiques extrêmes’, la ‘perte de biodiversité’, les ‘catastrophes naturelles’, les ‘catastrophes environnementales’, les ‘inondations’, les ‘pénuries alimentaires’, d’une part, les ‘pannes des infrastructures qui fonctionnent avec Internet’ et la ‘cyberviolence’, d’autre part, peuvent être classées sous deux rubriques : le ‘changement climatique’ et les ‘cyberattaques’.
L’année 2020 a propulsé le changement climatique au premier plan pour la énième fois. On a pu constater des températures extrêmes un peu partout dans le monde et une saison d’ouragans dans l’Atlantique, comptabilisant un nombre record de 30 tempêtes. L’État américain de Louisiane a subi trois ouragans et deux tempêtes tropicales entre la fin du mois d’août et la fin du mois d’octobre, tout cela dans un délai de six semaines. L’ouragan Laura a été encore plus destructeur que celui de Katrina en 2005. Ce désastre a été largement écarté de l’actualité par le Covid-19.
La diversité de l’offre protège mieux contre les irrégularités
Il faut aussi tenir compte des cyberattaques et des échecs. Ces dernières semaines, ils ont fait la une de l’actualité mondiale. Le 14 décembre, une panne chez Google a paralysé a paralysé les échanges mondiaux et le trafic Internet pendant plusieurs heures. Les maisons équipées de Google Home se sont retrouvées à court de lumière.
Si la pandémie nous a appris quelque chose, c’est que la diversité de l’offre nous protège mieux contre les irrégularités. Et cela démontre aussi qu’il n’est pas toujours idéal de mettre tous ses œufs dans le même panier. Le fait que 70% des composants actifs utilisés pour fabriquer des médicaments soient fournis par la Chine a entraîné des pénuries durant la crise. Voilà pourquoi nous devons reprendre la chaîne alimentaire en main. C’est une leçon que les Britanniques ont également apprise ces derniers jours. Lorsque la France a fermé ses frontières et qu’un certain nombre de pays a temporairement suspendu les trafics ferroviaire, maritime et aérien entre le Royaume-Uni et l’UE, les Britanniques ont dû faire face à une pénurie d’aliments frais dans la majorité de leurs supermarchés et épiceries.
Les Britanniques importent 84% de leurs fruits frais
L’hebdomadaire The Spectator rapporte que 84% des fruits frais consommés de l’autre côté de la Manche sont importés. C’est également vrai pour près de la moitié des légumes et un peu plus d’un tiers de la viande de porc. La majorité des aliments importés provient de l’UE, alors que 26% de toute la nourriture consommée en Grande-Bretagne provient du continent.
La semaine dernière, plusieurs pays ont été touchés par une série de cyberattaques à grande échelle qui ont été couronnées de succès. ‘Les services gouvernementaux et les entreprises en Amérique du Nord, en Europe, en Asie et au Moyen-Orient’ étaient la cible de ces attaques’. La Belgique a également été touchée. En septembre dernier, une femme est d’ailleurs morte à Düsseldorf après qu’un hôpital local a été victime d’une cyberattaque.
Le ministre britannique de la Sécurité nationale a récemment déclaré être ‘certain à 95 %’ que des pirates informatiques avaient ciblé des organisations britanniques, américaines et canadiennes au nom de l’État russe pour voler des informations sur le développement d’un vaccin Covid-19.
Avec de l’argent et une volonté collective, tout est possible
Mais la pandémie nous a forcés à réagir rapidement. Le changement climatique et les éventuelles cyberattaques sont aujourd’hui perçus comme moins urgents. Cependant, le temps record dans lequel un vaccin a été développé et l’argent mis à sa disposition ont démontré que lorsqu’il existe une volonté collective de lutter contre les catastrophes, tout devient possible.