C’est la semaine la plus chargée de l’année pour les pêcheurs britanniques, mais ils sont pourtant contraints de regarder les fruits de leur travail littéralement pourrir sur place. Suite à la fermeture des frontières entre le Royaume-Uni et le continent, ce sont des tonnes de poissons qui attendent de pouvoir être transportées, vraisemblablement trop tard.
Quarante-huit heures, c’est environ la durée de vie des crustacés que la Grande-Bretagne exporte vers le continent. Une fois ce délai écoulé, ils doivent avoir trouvé leur chemin vers la France, sous peine de ne plus pouvoir être consommés. Toutefois, alors qu’il s’agit de la semaine la plus chargée de l’année pour le secteur et que le poisson est au menu des festins de fin d’année, les frontières britanniques avec le continent ont été fermées suite à la découverte d’une variante beaucoup plus contagieuse du nouveau coronavirus. Avec à la clé, d’importantes perturbations, notamment à Douvres.
65.000 euros par conteneur
Et il s’agit d’un blocage qui coûte cher. Chaque conteneur de lotte, de homard ou de saumon écossais actuellement coincé dans les files de camions à Douvres a une valeur marchande de quelque 65.000 euros, parfois plus. Si ces denrées particulièrement périssables n’arrivent pas à Calais dans les temps, elles seront bonnes pour la poubelle, et les revenus des producteurs tomberont à zéro.
‘C’est la semaine la plus importante de l’année et elle se retrouve coincée dans une sorte d’ouragan’, soupire Jimmy Buchan, PDG de la Scottish Seafood Association. ‘Il y avait déjà le Brexit, puis le Covid, et désormais de nouvelles mesures pour la variante plus contagieuse (du virus)’.
Retour à la mer
La Scottish Salmon Producers Organization sait que sur le seul saumon écossais, les pertes atteindront déjà les 6,5 millions de livres sterling. Selon l’association, les autorités doivent désormais examiner d’urgence toutes les options afin de relancer le commerce le plus rapidement possible. Certains pêcheurs se désespèrent et rejettent même à la mer leurs prises encore vivantes, comme les langoustines et les homards. Au moins, elles ne pourriront pas sur place.
Et pour couronner le tout, le marché intérieur britannique est également fortement perturbé. En temps normal, il faut compter environ 3 livres (4 euros) pour un kilo de haddock dans le commerce de gros. Il est passé à 5 livres. A contrario, le prix des produits à destination du marché européen a fortement chuté, les chaînes de supermarchés britanniques étant déjà approvisionnées. Le kilo de lotte, par exemple, n’est désormais plus que de 2 livres.
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