Le mois dernier, l’IATA (Association internationale du transport aérien) préconisait le déploiement des tests de dépistage rapides pour relancer le secteur et mettre fin aux périodes de quarantaine à l’arrivée dans certains pays. Mais cet argument aura-t-il suffisamment de poids que pour convaincre les Américains de reprendre l’avion?
‘La clé de la liberté et de la relance, c’est le test de dépistage systématique pour tous les voyageurs avant leur départ’, avait déclaré Alexandre de Juniac, PDG de l’IATA. Si l’idée semble avoir déjà conquis certaines compagnies aériennes, du côté des voyageurs, le son de cloche est différent.
‘6 personnes sur 10 ont peur de prendre l’avion’
Aux États-Unis, ce concept n’éveille en réalité que peu d’échos auprès des voyageurs. Selon un dernier sondage réalisé par Harris Poll, seuls 46% des Américains se montrent favorables à cette option. Toujours selon le sondage, 33% des Américains se disent plus craintifs à l’idée de prendre l’avion qu’il y a 3 mois, alors que 22% des voyageurs restent sur leur position. ‘Près de six personnes sur dix ont peur de prendre l’avion alors qu’elles pensaient l’inverse en juillet dernier’, déclare John Gerzema, PDG de Harris Poll, l’entreprise qui a réalisé l’enquête.
Il est vrai qu’un test négatif éviterait aux passagers bien des ennuis à l’arrivée, dont une quarantaine. Quelques grands aéroports américains (Miami, Tampa, San Francisco et Dallas) ont récemment introduit ce dispositif de tests rapides au sein même de leurs locaux.
Depuis hier, United Airlines propose aux passagers sur la liaison San Francisco-Hawaï des tests rapides (PCR) aux prix de 250 dollars par passager, en plus du prix du billet d’avion. Une tendance qui se dessine aussi dans plusieurs aéroports d’Europe.
Entre risques et fiabilité
Mais les résultats de ces tests sont-ils fiables à 100%? Tiennent-ils également compte des sujets asymptomatiques? Tous les tests n’ont pas la même efficacité. Certains aéroports, comme l’aéroport international de Tampa, proposent à la fois un test antigénique rapide (57$, résultats en 15 minutes) et un test PCR (125$, résultats en 48 heures).
Les tests d’antigènes rapides sont moins chers que les tests PCR, mais ils sont aussi beaucoup moins précis. Le taux de faux négatifs peut atteindre jusqu’à 50%. Alors qu’il s’agit de l’option la moins onéreuse et qu’il est probable que les voyageurs la privilégient.
Pourtant, une étude réalisée par US Transcom et l’Agence pour les projets de recherche avancée de défense (Darpa) prouve que le risque d’être contaminé dans un avion est très faible, pour autant que tous les passagers portent un masque. Le système d’aération des avions éliminerait en effet les particules infectées avant que ces dernières n’atteignent les passagers.
Mais même si les tests rapides devenaient une norme, à l’heure où l’épidémie sévit à nouveau dans plusieurs États, persuader les Américains de prendre l’avion reste un défi qui n’est, semble-t-il, pas près d’être relevé…