Le Japon vient d’approuver le médicament de Gilead Sciences comme traitement au coronavirus, a déclaré jeudi le ministère de la Santé. Il devient donc le premier médicament officiellement autorisé pour la maladie dans le pays. Mais le Premier ministre explore aussi d’autres voies pour lutter contre le virus.
Le Japon n’a pas voulu faire traîner le suspense sur ce coup-ci. Il a pris cette décision seulement trois jours après que le fabricant de médicaments américain ait déposé sa demande d’approbation. Le remdesivir avait reçu l’autorisation de la Food and Drug Administration (FDA) des Etats-Unis pour une utilisation d’urgence contre le coronavirus pas plus tard que la semaine dernière.
L’utilisation au Japon est également réservée aux situations d’urgence, lorsqu’il n’y a pas d’alternative. Mais reste-t-il que c’est un pas de géant pour le remdesivir controversé.
Résultats contradictoires
Le médicament développé par l’entreprise américaine Gilead pourrait ouvrir une porte à un déconfinement plus assuré dans les pays du monde entier. Mais son efficacité est encore sujette au débat. Mi-avril, l’hôpital de Chicago montrait des signes encourageants sur un faible nombre de patients atteints du Covid-19.
C’était avant qu’un essai clinique chinois ne vienne doucher les espoirs des chercheurs en pointant son efficacité, voire sa dangerosité avec ses effets secondaires. Dernier rebondissement en date: Gilead a lui-même assuré fin avril que son médicament sauve bien des vies. Selon l’entreprise, la moitié des patients traités sont désormais en meilleure santé.
Il faudra encore patienter pour avoir la suite de la saga. De nombreux essais du remdesivir sont encore en cours, il est donc encore trop tôt pour conclure quoi que ce soit. Mais pas au goût du Premier ministre japonais Shinzo Abe. L’urgence de la situation a conduit le Japon dans une précipitation qui n’est guère dans ses habitudes.
Impact économique
Si le virus épargne pour l’instant bien plus de vies au Japon qu’aux Etats-Unis ou dans de nombreux pays d’Europe (‘à peine’ 556 décès déclarés), son impact sur l’économie du pays se fait sévèrement sentir. Abe a ainsi déclaré que des traitements et vaccins sont nécessaires pour aider à rétablir les activités économiques et sociales au Japon.
Or, pour qu’un médicament soit approuvé au Japon, le gouvernement exige normalement que les essais cliniques incluent des patients japonais, ou qu’un nouvel essai soit réalisé dans le pays, explique Caroline Stewart, analyste de Bloomberg Intelligence. ‘Bien que des doutes subsistent quant à son efficacité, c’est mieux que rien’, ajoute-t-elle.
Le Japon a récemment prolongé l’état d’urgence national jusqu’au 31 mai. Lundi, Shinzo Abe a déclaré qu’il cherche également à faire approuver l’Avigan, un antiviral développé par Fujifilm Toyama. Il vise son utilisation comme traitement au Covid-19 d’ici la fin de ce mois. Des essais ont aussi débuté pour un médicament antiparasitaire développé par le prix Nobel Satoshi Omura, l’ivermectine.
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