Le remdesivir, nouveau traitement ‘miracle’ contre le covid-19?

Des essais du médicament de Gilead Sciences chez des patients atteints d’une forme sévère du Covid-19 se sont avérés encourageants. En conséquences, les actions de la société américaine ont fait un bond de 16% jeudi.

C’est un rapport qui fait couler beaucoup d’encre et crée de nombreux espoirs. Un hôpital de l’université de Chicago participant à une étude sur les médicaments antiviraux a constaté une récupération rapide de la fièvre et des symptômes respiratoires chez ses patients grâce au remdesivir. Presque la totalité des patients étaient même sortis de l’hôpital en moins d’une semaine, selon le site d’information médicale SThere.

Le remdesivir est un promédicament (aussi appelé prodrogue): pour faire simple, il ‘confond’ le virus tout en copiant son matériel génétique, ce qui rendrait impossible la reproduction de Covid-19. Son avantage: il perturbe le virus mais pas la cellule humaine, ayant donc un effet ciblé.

Le producteur de ce médicament, l’entreprise Gilead, a toutefois déclaré que ‘la totalité des données doit être analysée afin de tirer des conclusions’. L’UChicago Medicine appelle aussi à la prudence: ‘les données partielles d’un essai clinique en cours sont par définition incomplètes et ne devraient jamais être utilisées pour tirer des conclusions’.

Enfin, la prudence, les investisseurs n’en font guère grand cas. Les actions de Gilead, qui ont clôturé à 76,54 dollars en bourse mercredi, ont augmenté de 16% à 89,10 dollars après la fermeture jeudi.

Espoirs

Il faut dire que les résultats ont l’air particulièrement impressionnant, il y a bien de quoi susciter des espoirs très (trop?) solides. La course à un vaccin et à un traitement efficace fait rage, l’hydroxychloroquine alimentant régulièrement le débat. Chaque nouvel élément déchaîne les passions dans ce défi mondial, il y a fort à parier que le remdesivir sera la chloroquine de demain.

‘Il n’y a actuellement qu’un seul médicament que nous pensons être réellement efficace, et c’est le remdesivir’, déclarait il y a près de deux mois le sous-directeur général de l’Organisation mondiale de la santé, Bruce Aylward.

La semaine dernière, le New England Journal of Medicine publiait aussi une analyse montrant que les deux tiers d’un petit groupe de patients gravement malades ont vu leur état s’améliorer après un traitement au remdesivir. Si l’auteur qualifie ces résultats ‘d’optimistes’, il avertit toutefois de l’absence de comparaison avec un groupe de contrôle, du nombre très réduit de patients et du temps de suivi relativement court.

Prudence

Ces données sont donc certes encourageantes, mais il faut toujours savoir raison garder. Deux patients des 113 personnes atteintes sévèrement ayant participé à l’essai clinique de l’UChicago sont tout de même décédés. Et une des plus importantes règles en matière d’essais cliniques a été ignorée: l’absence d’un groupe témoin, sous placebo.

Gilead Sciences a toutefois déjà commencé à produire ses traitements en masse. Le fabricant a même mis gratuitement à disposition 1,5 million de doses individuelles pouvant être utilisées pour plus de 140.000 patients pour d’autres essais cliniques et des programmes d’accès spéciaux. Et il ne s’arrête pas là. L’entreprise prévoit d’augmenter ses doses ‘à mesure que les matières premières deviennent disponibles’. Son objectif ambitieux: produire plus de 500.000 traitements d’ici octobre et plus d’un million d’ici la fin de cette année.

L’université de Chicago n’est pas la seule à tester ce traitement, elle fait partie des 152 sites participant à l’essai de Gilead sur des patients atteints de Covid-19 grave. L’entreprise américaine attend les résultats de son étude de phase 3 chez les patients les plus sévères à la fin de ce mois. Et des données supplémentaires provenant d’autres études devraient être disponibles en mai. De la patience donc, vous connaissez l’histoire…

Lire aussi:

Plus