Selon une étude réalisée par des chercheurs de Hong Kong, plus de 232.000 personnes pourraient avoir été infectées lors de la première vague de Covid-19 en Chine continentale. Un chiffre quatre fois plus élevé que les annonces officielles.
Officiellement, Pékin a déclaré un total d’environ 83.800 cas de coronavirus à ce jour, selon les chiffres de l’Université Johns Hopkins. Bien loin derrière de nombreux pays européens, comme l’Espagne (208.000 cas), l’Italie (187.000 cas), la France, l’Allemagne et le Royaume-Uni. Et que dire des chiffres des États-Unis, dix fois supérieurs à ceux de la Chine (842.600 cas).
Le bilan officiel de la Chine a donc de quoi interpeller, symbole peut-être d’une politique de confinement particulièrement efficace. Sauf s’ils ne sont qu’un écran de fumée.
Des chercheurs de l’école de santé publique de l’université de Hong Kong indiquent désormais que le nombre réel aurait été bien plus important si la définition d’un cas Covid-19 utilisée par la suite avait été appliquée dès le départ. La définition d’un cas confirmé s’est effectivement élargie pour inclure les cas présentant des symptômes plus légers ou sans lien épidémiologique avec le virus ou d’autres cas connus.
2,8 à 7,1 fois plus important
Cette étude se base sur la publication de la commission nationale chinoise de la santé. Elle a publié sept versions d’une définition de cas pour Covid-19 entre le 15 janvier et le 3 mars. Or ces changements ont un ‘effet substantiel’ sur le nombre d’infections détectées.
Le rapport des chercheurs de Hong Kong a estimé que chacun des quatre premiers changements a augmenté la proportion de cas détectés de 2,8 à 7,1 fois. Elle se base sur les données recueillies jusqu’au 20 février par la mission de l’OMS à Wuhan.
‘Si la cinquième version de la définition de cas avait été appliquée tout au long de l’épidémie avec une capacité de test suffisante, nous avons estimé qu’au 20 février, il y aurait eu 232.000 cas confirmés en Chine contre 55.508 cas confirmés signalés [à ce stade]’, indique l’étude relayée par The Guardian. De quoi placer la Chine en deuxième position derrière les États-Unis en termes de personnes infectées.
Le rapport indique en outre que ces changements doivent désormais être pris en compte lorsque l’on examine le taux de croissance de l’épidémie.
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Critiques
Ce n’est pas la première fois que la Chine est critiquée pour ses chiffres officiels. Début avril, les États-Unis (qui ne portent pas Pékin dans leur cœur), remettaient ouvertement en cause la comptabilisation chinoise du nombre de victimes sur son territoire. La Chine aurait donc menti sur son bilan officiel, des accusations qualifiées à leur tour de calomnie du côté de Pékin.
Jusqu’à ce que le gouvernement corrige le tir la semaine dernière. Les autorités ont ainsi révisé le bilan officiel à Wuhan, qui est passé de 2.579 à 3.869 cas, soit une hausse de 50%. En cause de cette augmentation fulgurante: des patients décédés chez eux avant d’arriver à l’hôpital ou des rapports ‘tardifs et inexacts’. L’arbre qui cachait la forêt? Les États-Unis et l’Australie ont en tout cas demandé une enquête internationale sur la gestion de l’épidémie…
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