‘Cette crise ne ressemble à aucune autre’: en annonçant ce mardi une récession mondiale de 3% cette année, le FMI a prévenu que cela pourrait être bien pire… Tout en reconnaissant la difficulté de faire des prévisions économiques tant l’incertitude est ‘considérable’.
‘Le monde a radicalement changé en trois mois (…) Nous rencontrons une sombre réalité’, a résumé Gita Gopinath, l’économiste en chef du Fonds monétaire international dans le dernier rapport sur les perspectives économiques mondiales. ‘Il est très probable que cette année, l’économie mondiale connaîtra sa pire récession depuis la Grande Dépression’ des années 30 et dépassera celle de la crise financière mondiale, a-t-elle également ajouté.
Le nouveau coronavirus est parti de Chine fin décembre avant de se répandre rapidement dans le monde entier. Dans un effort pour endiguer la pandémie, les gouvernements se sont résolus à confiner leur population, à fermer les commerces non essentiels, à réduire comme peau de chagrin le trafic aérien, paralysant des pans entiers de l’économie.
Le commerce international en lambeaux
En conséquence, le commerce international s’est effondré: le Fonds prévoit ainsi une baisse de 11% du volume d’échange de biens et services en 2020.
Alors que dans les crises économiques habituelles, les décideurs politiques s’efforcent de dynamiser aussi vite que possible l’activité économique en stimulant la demande, cette fois, ‘la crise est dans une large mesure la conséquence des mesures de confinement nécessaires’, relève Gita Gopinath.
Pour les pays avancés, la récession devrait atteindre 6,1%. Aux Etats-Unis, où il y a peu de filet de sécurité sociale et où le système de santé est défaillant, la contraction du PIB devrait être de 5,9%.
Dans la zone euro, le PIB va même dégringoler de 7,5% avec des populations en Italie, en Espagne et en France durement affectées par le coronavirus.
Dans la zone Amérique Latine et Caraïbes, la récession sera à peine moins marquée (-5,2%).
Pour le Moyen-Orient et l’Asie centrale, le FMI table sur une baisse du PIB de 2,8%.
La Chine et l’Inde devraient tirer leur épingle du jeu avec une croissance respective de 1,2% et de 1,9%.
Le rebond de l’économie mondiale pourrait toutefois intervenir dès 2021, avec une croissance attendue de 5,8% à condition que la pandémie soit effectivement maîtrisée au second semestre de cette année.
Une baisse de 6,9% du PIB belge
En Belgique, le FMI s’attend à ce que le PIB chute de 6,9% cette année. En 2019, la croissance belge avait atteint +1,4%.
L’année prochaine, notre économie devrait renouer avec la croissance et rebondir de 4,6%, selon le FMI.
Le FMI prévoit également un niveau d’inflation très bas cette année en Belgique (+0,3%), la hausse des prix devant s’accélérer un peu en 2021 (+1,1%).
Le taux de chômage, établi à 5,4% en 2019, devrait augmenter de près de 2 points cette année (7,3%), avant de refluer quelque peu l’année prochaine (6,8%), selon le FMI.
Les trois scénarios du pire
Le FMI a basé ses estimations en supposant que la pandémie serait maîtrisée au second semestre de cette année. Si ce n’est pas le cas, ce qui constitue une hypothèse ‘très probable’, la récession pourrait être bien pire, a mis en garde l’économiste en chef.
Le Fonds monétaire international a donc également avancé trois évolutions alternatives au scénario de référence.
- La première évolution se base sur l’hypothèse d’une pandémie non maîtrisée à la fin du mois de juin, contraignant les pays à maintenir leurs mesures draconiennes (confinement des populations, fermeture de commerces non essentiels, trafic aérien drastiquement réduit, télétravail en masse) au second semestre 2020. Le produit intérieur brut (PIB) se contracterait alors de 6% au lieu de 3%.
- Le deuxième scénario envisage une seconde épidémie survenant en 2021, mais plus légère que la pandémie de cette année. La reprise économique mondiale ne serait alors pas de 5,8% mais d’environ 0,8%.
- Le troisième est la combinaison des deux premiers: prolongement de la paralysie de l’activité et du confinement au second semestre suivie d’une seconde épidémie survenant en 2021. Au lieu d’avoir un rebond en 2021, la récession se poursuivrait, avec une contraction d’environ 2,2%.
‘Les trois scénarios contiennent quatre éléments communs’, a précisé le FMI. Il cite ‘l’impact direct des mesures visant à contenir la propagation du virus; le resserrement des conditions financières; des mesures politiques pour soutenir les revenus et assouplir les conditions financières; et les cicatrices laissées par la dislocation économique que les mesures politiques ne sont pas en mesure de compenser complètement’.