En plus du coronavirus, la faillite guette aussi les économies émergentes

L’Argentine a suspendu le remboursement de 9,8 milliards de dollars de dette jusqu’à l’année prochaine. Le 9 mars, le Premier ministre libanais Hassan Diab avait déjà annoncé que son pays ne pouvait plus payer ses dettes. La crise du coronavirus menace de devenir le coup dur de trop pour bon nombre d’économies.

Selon Julien Marcilly, l’économiste en chef de l’assureur-crédit Coface, la catégorie des économies émergentes est historiquement très endettée. Tant en Afrique qu’en Amérique du Sud, les dettes se rapprochent respectivement des niveaux des années 2000 et 1980. À l’époque, elles avaient déclenché une cascade de faillites, à laquelle seule l’intervention du Fonds monétaire international a pu apporter un soulagement.

La pandémie de coronavirus ne pouvait pas survenir à un pire moment pour les économies émergentes. Le choix entre le remboursement des dettes ou l’investissement dans les soins de santé est vite fait, ce qui engendre davantage de méfiance dans le chef des créanciers de ces pays.

Pétrole, matières premières et tourisme

Et le pire est encore à venir. Bon nombre de ces pays dépendent de l’exportation de pétrole, de matières premières ou du tourisme. Les prix des deux premiers se sont effondrés tandis que le troisième est complètement paralysé.

Ces économies sont également confrontées à une fuite des devises, qui sont parquées par les investisseurs dans des endroits plus sûrs. Toujours selon M. Marcilly, quatre fois plus d’argent a été retiré des économies émergentes en mars 2019 qu’en 2008-2009. Il s’attend à des problèmes majeurs pour un certain nombre de petites économies, notamment l’Angola, la Zambie, le Sri Lanka, la Tunisie, Oman et Bahreïn. À titre d’exemple, la dette publique de la moitié des pays subsahariens a bondi à plus de 50% du produit intérieur brut (PIB).

Mais la faillite guette également de plus grands noms, surtout l’Afrique du Sud et l’Argentine. La France a été le premier pays à demander un moratoire sur la dette de ces pays au G20. Une demande similaire a été formulée par le FMI et la Banque mondiale. En gelant leurs dettes, ces pays peuvent en effet libérer de l’argent pour lutter contre l’épidémie de coronavirus.

Les créanciers ont tout intérêt à éviter les faillites. Qu’elles soient privées, publiques ou même étatiques.

Quand un pays est-il en faillite?

Un pays fait faillite lorsqu’il est incapable de rembourser les emprunts qu’il a contractés ou lorsqu’il ne sait plus payer les intérêts. En conséquence, le pays est alors coupé des marchés monétaires internationaux.

Les créanciers ont ensuite le droit, en théorie, de saisir les actifs du pays en question qui sont situés à l’étranger.

Au niveau juridique, le pays en faillite est exposé à des sanctions internationales, y compris des représailles commerciales de la part des pays dont proviennent les créanciers.

En conséquence, le pays a la réputation d’être un ‘mauvais payeur’, ce qui rendra son financement plus difficile pour les années à venir. En dernier recours, le FMI peut décider d’éventuellement mettre en place un plan de sauvetage.

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