Le spécialiste en ressources humaines Securex a publié une nouvelle étude sur les absences de longue durée, au sein des PME. Il ressort des chiffres de 2022 que près de 3 petites entreprises sur 10 ont des travailleurs en arrêt maladie de plus d’un mois.
Il devient rare de trouver une entreprise où il n’y a pas de malades de longue durée en Belgique

Pourquoi est-ce important ?
Bien davantage que le chômage, c'est l'inactivité qui plombe le taux d'emploi en Belgique. Un taux bien en deçà des pays voisins. Parmi les inactifs, on retrouve entre autres les personnes en âge de travailler mais qui bénéficient de l'assurance-maladie.Dans l’actu : la nouvelle étude de Securex sur les malades de longue durée.
- En 2022, 27,8 % de ces petites entreprises employaient des travailleurs absents pendant au moins un mois pour cause de maladie ou d’accident privé.
- C’est un problème, dans la mesure où 90% des entreprises en Belgique sont des PME qui comptent jusqu’à 20 travailleurs.
- Parmi les absents d’un mois ou plus, 42% (!) ne retournent pas travailler dans l’année qui suit.
- Parmi les entreprises de 10 à 19 travailleurs, 77,6 % d’entre elles ont au moins un travailleur absent pendant plus d’un mois pour cause de maladie ou d’accident privé.

Credit : Securex.
Les causes
- La Belgique compte actuellement près d’un demi-million de malades longue durée et ce chiffre ne cesse d’augmenter.
- Plus d’un tiers des absences dues à des maladies de moyenne et longue durée « sont causées par des problèmes psychosociaux tels que le stress, le burn-out ou des comportements transgressifs », décrit Heidi Verlinden, Research Project Manager chez Securex. Un autre tiers est dû à « des problèmes musculaires et articulaires, tels que les douleurs au dos et au cou. »
- Pour Securex, une grande partie de cet absentéisme pourrait être évité. Qui plus est dans des petites entreprises où la prévention peut être mise en place. En outre, le dialogue entre employés et employeur, ainsi que la confiance, sont essentiels pour remettre au travail un travailleur de longue durée.
Un plan politique pour les malades de longue durée
- L’année dernière, le ministre de la Santé, Frank Vandenbroucke (Vooruit), a fait adopter son plan « remise au travail », dans l’objectif de se rapprocher du taux d’emploi de 80%. Ce taux n’était que 71,4% au 3e trimestre 2023, et même de 64,3% en Wallonie.
- Dans ce plan, un processus s’enclenchera après un délai de 10 semaines d’incapacité : le malade de longue durée devra obligatoirement répondre à un questionnaire pour évaluer comment il se sent et s’il s’estime prêt à reprendre le chemin du travail. Chaque malade longue durée bénéficiera également d’un suivi individuel.
- Depuis le 1er janvier 2023, un mécanisme de sanction a été introduit. Si le malade de longue durée refuse de suivre le processus, il risque de perdre 2,5% de son assurance-maladie. Dans l’autre sens, les entreprises qui emploient plus de 50 personnes et qui ont un nombre anormalement élevé de malades de longue durée seront aussi pénalisées.
- En juin dernier, Vandenbroucke a proposé de faire supporter le 2e mois de congé de maladie aux employeurs, dans le but de les responsabiliser. Mais cette mesure n’a pas franchi l’étape du kern et a pour le moment été rangée aux oubliettes.
Le temps presse : en Belgique, le nombre de malades de longue durée a doublé en 15 ans. Bien que la tendance s’accélère partout dans le monde, John Crombez, ancien président des socialistes flamands, qui est retourné à sa carrière de chercheur au sein de l’UZ Gent, estime qu’une telle augmentation est « un phénomène typiquement belge ». Selon le Bureau fédéral du Plan, le nombre de malades de longue durée pourrait atteindre 600.000 personnes d’ici 2035, avec une facture de 14 milliards d’euros par an.