Principaux renseignements
- Macron n’est pas d’accord avec la stratégie d’austérité de Barnier, estimant qu’une croissance économique soutenue résoudra en fin de compte les problèmes budgétaires de la France.
- Macron considère le déficit prévu comme une conséquence temporaire de son plan axé sur la croissance, tandis que l’équipe de Barnier perçoit ce silence comme un mépris délibéré de la crise budgétaire.
- Les implications de cette discorde sont profondes pour la position de la France sur les marchés financiers et pour l’avenir des réglementations de l’Union européenne visant à prévenir l’accumulation excessive de dettes parmi les États membres.
Les tensions s’intensifient entre le président français Emmanuel Macron et le premier ministre Michel Barnier au sujet de la santé fiscale de la nation. M. Barnier, nommé par M. Macron en septembre dernier, a constamment souligné l’urgence de s’attaquer au déficit croissant de la France, préconisant une action immédiate par le biais d’augmentations d’impôts strictes et de réductions des dépenses, tout en évitant d’étouffer la croissance économique.
Cette approche, détaillée dans une récente proposition de budget, semble aller à l’encontre du point de vue de M. Macron. Les déclarations publiques du président et les informations confidentielles fournies par ses conseillers suggèrent qu’il est fondamentalement en désaccord avec la stratégie d’austérité de M. Barnier. M. Macron estime qu’une croissance économique soutenue, alimentée par les réformes mises en œuvre au cours de ses sept années au pouvoir, résoudra en fin de compte les problèmes budgétaires de la France. Il considère le déficit prévu, qui devrait atteindre 6,1 pour cent du PIB en 2024, comme une conséquence temporaire de ce plan axé sur la croissance.
La fracture économique de la France
Des sources proches de Macron soutiennent qu’il reste fermement convaincu que les « Macronomics », son modèle économique mettant l’accent sur les réductions d’impôts et les subventions pour stimuler la croissance, sont toujours efficaces. Il s’est abstenu de soutenir publiquement les efforts de M. Barnier pour réduire le déficit par des hausses d’impôts et des réductions de dépenses, ce qui pourrait compromettre son propre héritage économique. Dans un récent discours à Berlin, M. Macron a mis en garde contre le recours à des mesures d’austérité à court terme, soulignant l’importance de la création d’emplois par rapport à une focalisation obsessionnelle sur des réductions budgétaires immédiates.
L’équipe de M. Barnier perçoit ce silence comme un mépris délibéré de la crise budgétaire par le camp de M. Macron, qui privilégie l’opportunisme politique à la responsabilité fiscale. Elle soupçonne M. Macron de craindre des mesures impopulaires telles que des augmentations d’impôts et des réductions de dépenses avant les prochaines élections européennes de juin et les élections nationales qui suivront, toutes deux perdues par son parti. Des sources au fait de la situation révèlent qu’en privé, M. Barnier s’interroge sur le sérieux avec lequel M. Macron traite l' »urgence budgétaire ».
Inquiétudes du marché et pressions internationales
Les implications de cette discorde sont profondes pour la position de la France sur les marchés financiers et pour l’avenir des réglementations de l’Union européenne visant à prévenir l’accumulation excessive de dettes parmi les États membres. Si les propositions de M. Barnier ont temporairement apaisé les inquiétudes des marchés, elles ne les ont pas complètement calmées. Le Fonds monétaire international (FMI) a exprimé son scepticisme quant à la capacité de la France à réduire son déficit, faisant écho à des avertissements similaires émanant d’institutions financières internationales et d’éminents économistes.
Le FMI a reconnu les efforts du gouvernement, mais exige des actions concrètes plutôt que de simples propositions. Ils mettent également en doute les prévisions du gouvernement Barnier, qui prévoit de ramener le déficit sous la barre des 3 pour cent du PIB d’ici à 2029, conformément aux règles de l’Union européenne. La France risque de voir sa note de crédit abaissée par Moody’s vendredi, suite à la récente révision par Fitch de la perspective de la France de « stable » à « négative », après avoir abaissé sa note de crédit l’année dernière.
Les tensions parlementaires et l’avenir du budget français
Ce conflit interne devrait dominer les discussions parlementaires concernant le budget de l’année prochaine à l’Assemblée nationale française. Les parlementaires du parti de Macron remettent en question les augmentations d’impôts suggérées par Barnier. Parallèlement, la ministre centriste de l’Énergie, Agnès Pannier-Runacher, et le ministre de la Justice, Didier Migaud, ont insinué qu’ils pourraient démissionner en raison des réductions affectant les budgets de leurs ministères respectifs.
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