Xi Jinping se rend en Arabie Saoudite pour assurer ses arrières pétroliers : un coup de grâce à la trésorerie de Poutine ?

Xi Jinping poursuit son marathon diplomatique, en se rendant en Arabie saoudite. Sur la table, un grand accord sur l’importation du pétrole saoudien en Chine. De quoi frustrer la Russie ?

Pourquoi est-ce important ?

Cette semaine, la Chine a assoupli ses restrictions en matière de Covid. Grâce à cela, l’industrie chinoise va redémarrer à plein pot. Pour ce faire, elle aura besoin de pétrole, une matière première indispensable. Le pétrole russe étant boudé un peu partout dans le monde, la Chine aller dans le même sens, en signant un nouvel accord avec l’Arabie Saoudite.

Dans l’actualité : Cet accord entre la Chine et l’Arabie Saoudite devrait encore augmenter l’exportation du pétrole saoudien dans l’Empire du Milieu. Une alternative au pétrole russe plus viable sur le long terme à cause des relations tumultueuses entre la Russie et le reste du monde depuis la guerre en Ukraine.

  • Le président chinois Xi Jinping se rend cette semaine en Arabie saoudite pour la première en sept ans. Au cours de cette visite, il devrait signer des accords portant sur des milliards de dollars avec le premier exportateur mondial de pétrole.
  • La Chine est le premier partenaire commercial de l’Arabie saoudite et une source d’investissements croissante. De l’autre côté, l’Arabie saoudite est le premier partenaire commercial de la Chine dans le Moyen-Orient.
  • L’année dernière, le commerce bilatéral entre l’Arabie saoudite et la Chine a atteint 87,3 milliards de dollars, soit une hausse de 30 % par rapport à 2020, selon les chiffres des douanes chinoises.
  • Une grande partie de ce commerce est axée sur le pétrole. Les importations chinoises de pétrole brut en provenance d’Arabie saoudite s’élevaient à 43,9 milliards de dollars en 2021, soit 77 % du total de ses importations venant d’Arabie Saoudite. Ce montant représente également plus d’un quart des exportations totales de brut de l’Arabie Saoudite.
  • « La stabilité des approvisionnements énergétiques, tant en termes de prix que de quantités, est une priorité essentielle pour Xi Jinping, car l’économie chinoise reste fortement tributaire des importations de pétrole et de gaz naturel », a déclaré Eswar Prasad, professeur de politique commerciale à l’université Cornell à CNN Business.
  • « La coopération énergétique sera au centre de toutes les discussions entre les dirigeants saoudiens et chinois », a déclaré Ayham Kamel, chef de l’équipe de recherche sur le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord d’Eurasia Group. « Il y a une grande reconnaissance de la nécessité de construire un cadre pour s’assurer que cette interdépendance est prise en compte politiquement, en particulier compte tenu de l’ampleur de la transition énergétique en Occident. »

Un coup porté à la Russie ?

  • Alors que l’Occident boudait le brut russe dans les mois qui ont suivi l’invasion, la Chine a profité du fait que Moscou cherchait désespérément de nouveaux acheteurs. Entre mai et juillet, la Russie a été le premier fournisseur de pétrole à bas prix de la Chine, jusqu’à ce que l’Arabie Saoudite reprenne la première place en août.
  • Cette baisse des ventes du pétrole russe a été un solide coup à la trésorerie du Kremlin et donc au financement de la guerre en Ukraine. Et cet accord avec l’Arabie saoudite ne va certainement pas dans le bon sens pour Moscou.
  • « Bien que la Russie soit une source de chaînes d’approvisionnement moins coûteuses, personne ne peut garantir, avec la plus grande certitude, que la relation entre la Chine et la Russie continuera de s’étayer dans 50 ans », a déclaré M. Aboudouh. L’Arabie saoudite sera beaucoup plus fiable, voilà le message qu’enverra Riyad.
  • « Les Saoudiens sont inquiets de perdre des parts de marché en Chine face à un tsunami de brut russe et iranien fortement décoté », explique Gal Luft, codirecteur de l’Institut pour l’analyse de la sécurité mondiale.

Contexte mondial

  • Rappelons que depuis lundi dernier, l’embargo sur le pétrole russe est effectif dans l’Union européenne, et qu’un plafond sur le pétrole russe a aussi été activé par l’UE, les pays du G7 et l’Australie, pour les entreprises occidentales qui continuent à commercer avec le pétrole russe vers d’autres régions. Beaucoup de pétroliers sont par exemple assurés en Europe, et beaucoup d’entreprises occidentales assurent la transition du pétrole à travers le monde.
  • Les prix du pétrole ont étonnamment chuté ces derniers mois, pour tomber à des niveaux plus bas qu’avant la crise ukrainienne. Tant le Brent que le WTI se négocient en dessous des 80 dollars le baril. La raison ? La crainte d’une récession mondiale.
  • Dans ce cadre, la fin annoncée de la politique zéro-covid de la Chine, et la reprise économique qui devrait suivre, auront un grand impact sur les prix de l’or noir dans les mois à venir.
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