Malgré un départ en trombe, ces actions ont énormément perdu en 2021: pourquoi ?

2021, l’année record des sommes récoltées lors d’introductions en bourse. Si de nombreuses entreprises, asiatiques comme américaines, ont pu collecter de larges fonds, la suite a été moins rose. Leurs actions ont souvent beaucoup perdu en valeur. Quelles sont les raisons ? Des événements macro des décisions politiques? Ou un délire des investisseurs, qui veulent sauter sur l’occasion sans vérifier ce qu’ils achètent?

Kuaishou, réseau chinois de vidéos courtes et concurrent de TikTok, avait fait une entrée fulgurante à la bourse de Hong Kong, en février. Avec 6,2 milliards de dollars levés lors de son introduction en bourse, c’est la seule entreprise chinoise dans le top 5 mondial des IPO qui ont récolté le plus de fonds en 2021.

Dans les jours suivant son introduction, l’action est passée de 300 dollars de Hong Kong (34 euros) à quasi 400 (45,30 euros). Mais depuis, elle connaît une baisse continuelle. Après le point le plus bas de 65 dollars HK en août (7,30 euros), elle est légèrement remontée, mais avec sa valeur d’aujourd’hui (68 dollars/7,70 euros) elle a perdu 83% depuis son pic, et 77% depuis son premier prix.

Cours de l’action de Kuaishou, en dollars de Hong Kong. crédit: CNBC

Même son de cloche pour d’autres entreprises asiatiques. Bukalapak, entreprise indonésienne de l’e-commerce, avait gagné 25% le premier jour, en août, puis a perdu 57% depuis.

Une autre IPO impressionnante à Hong Kong cette année était celle de JD Logistics, entreprise chinoise de logistique des chaines d’approvisionnement, avec plus de trois milliards de dollars, fin mai. Depuis, l’action a perdu plus de 36%.

Cours de l’action de JD Logistics, en dollars de Hong Kong (1 HKD = 0,11 euro). crédit: CNCB

Quelles raisons derrière ces chutes?

Les spéculations des prix des actions découlent en partie de l’interprétation des fait d’actualité. La Chine a notamment imposé de nombreuses restrictions sur ses entreprises tech. D’un côté des amendes ont été distribuées. De l’autre, des régulations ont été imposées sur des activités, comme des limites pour des temps d’écran des jeunes. Des éléments mauvais pour les affaires et qui font que les investisseurs se détournent.

La Fed va également augmenter le taux d’intérêt directeur. Les investisseurs devraient alors éviter les actions de la tech, car les entreprises auront plus de mal à trouver des fonds pour continuer leur croissance, et les liquidités futures auront moins de valeur, estime la CNBC dans une analyse .

Puis, l’inquiétude vis-à-vis du variant Omicron du Covid-19 est également toujours de mise. Ce qui fait que les investisseurs ont moins le goût du risque. La dangerosité du variant, et donc son impact sur l’économie, semble encore être sujet à débat.

Chute après IPO, un schéma pas unique à l’Asie

Sur le Nasdaq, l’indice boursier de la tech aux Etats-Unis, une grande partie des entreprises qui avaient fait une introduction en bourse en 2021 avaient ensuite connu une chute, souvent forte.

Un autre exemple d’un faux départ, en lien avec la Chine, est celui de Didi. Son IPO a Wall Street a eu lieu en juin, mais l’entreprise a alors été visée par des enquêtes, la Chine craignant pour les données, et pour sa sécurité nationale: son cours a été en chute continuelle. Après à peine six mois, le « Uber chinois » s’est retiré de la bourse; de nombreuses voix pointant du doigt la pression politique. A voir si la cotation à Hong Kong, prévue dans le futur, prendra mieux.

Quelle inspiration pour le marché?

On peut alors se demander comment ces faux départs vont inspirer les investisseurs et les entreprises, et comment ils vont influencer le marché. « Cette performance médiocre a entraîné un refroidissement du marché des introductions en bourse, ce qui a amené certains nouveaux émetteurs à retarder ou à réduire leurs projets d’introduction en bourse. En fin de compte, 2021 pourrait représenter un point culminant du marché des introductions en bourse qui pourrait ne pas être égalé avant des années », ont déclaré James Thorne et Jordan Rubio, dans un rapport pour Pitchbook. Ils citent encore Robinhood et Coupang dans les exemples de faux départ.

Pour Aswath Damodaran, professeur à la Stern School of Business de l’université de New York, le « délire du marché » jouerait aussi un rôle. Les investisseurs ne vérifient pas les modèles d’affaires de ces entreprises, mais achètent simplement des actions parce qu’une entreprise est en train de démarrer en trombe. Aux premiers résultats trimestriels, la réalité les rattrape. Reste à voir si ces cascades inspireront plus de prudence sur les marchés en 2022.

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