L’Arabie saoudite dévoile de nouvelles images de sa ville futuriste « The Line »… et tue ses opposants

Présenté début 2021 par les autorités saoudiennes – mais dans les cartons depuis bien plus longtemps -, le projet « The Line » prend forme, petit à petit. Dans le même temps, ses opposants sont condamnés à mort.

Pourquoi est-ce important ?

Avec "The Line", ville futuriste incluse dans la non moins futuriste mégalopole "Neom", l'Arabie saoudite veut totalement chambouler les codes urbanistiques - et pas seulement ceux-là. Une ville conçue à la verticale, a priori entièrement axée autour du renouvelable et du bien-être de ses habitants. Pour le bien-être de ceux qui habitent déjà sur place, on repassera.

Dans l’actualité

  • Cette semaine, de nouvelles images de The Line ont été dévoilées. Filmées par drone, elles montrent une multitude d’excavatrices occupées à creuser une large tranchée linéaire dans le désert.

  • C’est dans cette tranchée que devraient être posées les fondations de cette ville digne d’un film de science-fiction. Un système de transport souterrain devrait également y être installé.

L’autre actualité, bien moins glorieuse

  • La publication de ces nouvelles images survient quelques jours après l’alerte lancée par ALQST, une ONG spécialisée dans la question des droits de l’homme en Arabie saoudite.

  • Selon elle, au début du mois, trois hommes ont été condamnés à mort pour leur opposition à Neom, le projet qui englobe The Line.

  • Ces trois hommes font partie de la tribu des Howeitat. Une partie de leurs membres vivent dans le nord-ouest du pays, où doit prendre place Neom. Ils sont expulsés et déplacés de force, pour faire place au mégaprojet.

  • Arrêtés en 2020 pour s’être opposés à ces expulsions, ces trois hommes sont désormais contraints d’attendre leur exécution.

Le chiffre

  • À projet XXL, émoluments XXL. D’après le Wall Street Journal, les plus hauts cadres de Neom perçoivent un salaire annuel qui dépasse le million de dollars.

  • Le salaire moyen des cadres supérieurs de Neom est précisément de 1,1 million de dollars.

  • C’est plus que le salaire moyen des patrons des 3.000 plus grandes sociétés cotées aux États-Unis.

  • À ce prix-là, les candidats sont nombreux… et viennent de partout dans le monde. Dans l’équipe dirigeante de Neom, on retrouve notamment l’allemand Peter Terium (ex-RWE), le britannique Tim Shorrocks (ex-AWS et Cisco) ou encore l’indien Vishal Wanchoo (ex-GE).

Le contexte

  • The Line est une ville futuriste qui doit être construite à la verticale. Large de 200 mètres, jusqu’à 500 mètres au-dessus de la mer, et longue de 170 kilomètres, elle doit être délimitée par deux immenses façades en miroir (voir photo de l’article).

  • D’ici 2045, il est prévu que la ville abrite 9 millions d’habitants. 1,2 million devraient déjà y avoir déménagé pour 2030.

  • D’après ses concepteurs, The Line sera totalement axée autour des énergies renouvelables et n’émettra aucune émission.

  • Aucune voiture ne circulera dans la ville, car aucune route ne sera prévue à cet effet. Les trajets seront effectués à pied, en bus, en TGV… voire en taxi volant. Les deux points les plus éloignés de la ville devraient être reliés en 20 minutes.

  • The Line fait partie du projet Neom, une mégalopole du futur. L’une des autres composantes de celle-ci est Trojena. C’est cette région, montagneuse, qui doit accueillir les Jeux asiatiques d’hiver 2029.

  • Entre utopisme et greenwashing, de nombreuses critiques se sont déjà abattues autour de Neom.

  • « La santé et le bien-être des personnes passeront avant les transports et les infrastructures », lit-on sur le site de Neom à propos de The Line. Avec les trois condamnations à mort, on est en droit d’en douter.
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