L’agence de presse française AFP publie cette semaine une série de photos montrant des gens qui campent au bord d’une autoroute. Les photos ont été prises à Boa Vista, la capitale de l’Etat brésilien de Roraima, qui borde le Venezuela, une région marquée par la pauvreté, la mendicité et l’abandon des autorités.
Il n’y a là rien de nouveau pour l’Amérique latine a priori, sauf que les personnes sur ces photos sont des Indiens d’Amazonie. Il s’agit des Warao, un peuple d’indigènes sud-américains, qui se concentre autour du delta de l’Orénoque à l’est du Venezuela. Les Warao, qui forment une communauté de 20 à 30 000 personnes, sont l’un des quatre peuples indigènes du Venezuela.
Pour la première fois dans l’histoire, ils ont quitté leurs foyers, poussés par la faim et la maladie, en raison du manque chronique de nourriture et de médicaments dans leur pays. Ils ont aussi été poussés à partir en raison de la violence des milices armées et des gangs qui représentent le régime du dictateur vénézuélien Nicolas Maduro.
Ces Amérindiens ont survécu à tout : à 300 ans d’occupation et de colonisation, et à la guérilla sanglante du XIXe siècle. C’est le socialisme du 21e siècle qui est venu à bout des Warao, un peuple qui parle une langue qui est vieille d’un millier d’années.
L’exode vénézuélien
Ils ne sont pas les seuls à quitter leur pays d’origine. L’exode des Vénézuéliens prend des proportions impressionnantes. Depuis 2014, 12 000 Vénézuéliens ont fui au Brésil, et au cours des 12 derniers mois, 350 000 sont partis en Colombie. Selon Human Rights Watch, le nombre de demandes de permis de séjour émanant de Vénézuéliens en Argentine a doublé depuis 2014 et le Chili a émis quatre fois plus de visas aux résidents de ce pays. Depuis 2017, les Vénézuéliens forment également le groupe le plus nombreux de ceux qui sollicitent un permis de séjour tant en Uruguay qu’au Pérou (10 000 en 2017) et pour la première fois depuis le début de cette année, les Vénézuéliens forment aussi le plus grand groupe de demandeurs d’asile politique aux États-Unis.
Autrefois le pays le plus riche de l’Amérique du Sud
Le Venezuela, qui se trouve sur les plus grandes réserves prouvées de pétrole du monde, était autrefois le pays le plus riche en Amérique du Sud. A la fin des années nonante du siècle dernier, lorsque le socialiste Hugo Chavez a été élu président pour la première fois, 48 % de la population vénézuélienne vivaient dans la pauvreté. Depuis, sous la gouvernance de Nicolas Maduro, le successeur de Chavez, cette proportion a grimpé à 82 %. (selon des chiffres de mars 2017)
L’économie du pays s’est effondrée en raison de la mauvaise gestion et de la chute des cours du pétrole. Le Venezuela a généré 1 000 milliards de chiffre d’affaires avec les ventes de pétrole, mais il semble que près d’un quart ait été volé par des initiés. La mortalité infantile a fortement augmenté et la pénurie de médicaments accroît également la mortalité dans la population générale.
La répression croissante dissuade les populations locales de se révolter. De plus, les gens passent l’essentiel de leur temps à rechercher de la nourriture pour survivre, et cela laisse peu de place pour l’engagement politique. Pendant ce temps, la polarisation et la violence affligent le pays. Au cours des derniers mois, Maduro a imposé une série de mesures visant ne visant qu’un unique objectif : rester au pouvoir, coûte que coûte.