La pénurie d’avions, de personnel et l’augmentation des prix du carburant sont parmi les facteurs qui expliquent pourquoi les tarifs des billets d’avion devraient rester élevés pendant plusieurs années.
L’essentiel : Alors que la pandémie et ses restrictions sont définitivement derrière nous et que le trafic aérien a repris en flèche, les billets d’avions sont exceptionnellement chers.
- Déjà en août dernier, le patron de Ryanair, Michael O’Leary, avait prévenu que « l’ère des billets d’avion à 10 euros est terminée« .
- En janvier, il a prévenu que le prix des billets d’avion dans l’ensemble du secteur de l’aviation européen pourrait encore augmenter de 10% à 15% cette année.
- Selon les données de l’Office des statistiques nationales, les tarifs des billets d’avion avaient déjà augmenté de plus de 44% en décembre 2022 par rapport à l’année précédente, la plus forte hausse depuis 1989.
- Des prédictions similaires formulées par le CEO d’Eurowings fin de la semaine dernière : « Voler pour le prix d’un taxi n’est plus possible », a déclaré Jens Bischof, ajoutant que les vols seraient environ 20% plus chers pendant les périodes de vacances cette année qu’en 2022.
Pénuries en cascade
Pourquoi : Plusieurs causes conjointes se cachent derrière cette augmentation des tarifs, qui est partie pour durer, explique Bloomberg.
- La première raison : le manque crucial d’avions.
- En raison de la faible demande de voyages pendant la pandémie, les compagnies aériennes ont immobilisé une grande partie de leur flotte.
- Les remettre en service n’est pas si simple, les plus gros avions demandant au moins 100 heures de travail pour les remettre en état de vol.
- De plus, les fabricants d’avions prennent du retard dans la production, à cause de pénurie de main d’œuvre chez les sous-traitants.
- Or les prix suivent la loi de l’offre et de la demande, ce qui se traduit donc par des billets plus chers pour les voyageurs.
- Par ailleurs, les consommateurs sont prêts à payer le prix fort pour voyager.
- Après avoir été contraints à l’isolement pendant 2020 et une bonne partie de 2021, nombreux d’entre eux veulent absolument changer d’air, peu importe le prix.
- Une enquête de Booking.com citée par Bloomberg montre ainsi que les voyageurs comptent être moins regardant sur les prix pour rattraper les occasions manquées pendant la pandémie.
- Le secteur doit aussi faire face à une pénurie de personnel depuis plusieurs mois.
- Après des pertes colossales liées à la pandémie (200 milliards de dollars) et des millions de licenciements, le recrutement est compliqué.
- Pour attirer les nouveaux travailleurs, le secteur doit donc offrir de meilleurs salaires et avantages.
- Ce qui se traduit par des tarifs aériens plus élevés,
- Les compagnies doivent répercuter les prix élevés du carburant.
- Ceux-ci sont encore plus de 50% supérieurs aux niveaux de janvier 2019.
- Et l’objectif de l’Association internationale du transport aérien (IATA) d’atteindre la neutralité carbone en 2050 devrait accentuer cette tendance.
- Actuellement, le carburant dit « durable » coûte jusqu’à cinq fois plus cher que le carburant classique.
- D’autres alternatives – l’hydrogène ou les avions électriques – n’en sont encore qu’à leurs balbutiements et coûteraient tout aussi cher.
- Enfin, l’intérêt des voyageurs chinois n’est pas à la hauteur des attentes et pèse sur le secteur.
- Les compagnies ont dû se frotter les mains à l’annonce de la fin des restrictions « zéro covid » en Chine.
- Avant de déchanter : encore marqués par les confinements et la menace du coronavirus, de nombreux Chinois excluent de voyager à l’étranger cette année.
- Selon Bloomberg, qui cite l’Association des compagnies aériennes de la région Asie-Pacifique, il faudra au moins un an pour que la Chine revienne aux niveaux d’avant-pandémie.