Voici la raison pour laquelle Singapour a interdit les chewing-gums

Lee Kuan Yew, décédé à l’âge de 91 ans la semaine dernière, est considéré comme le père fondateur de l’économie de Singapour. Il était également à l’ origine de l’interdiction de vente de chewing-gum en vigueur dans le pays, écrit Elle Metz de la BBC.

A Singapour, le chewing-gum a été interdit en 1992. Lorsque l’on évoquait alors ce petit pays asiatique, cette loi était la première chose au sujet de laquelle les journalistes voulaient parler et Lee Kuan Yew avait l’habitude de s’en plaindre, explique l’écrivain américain Tom Plate.

Singapour est un pays régi par de nombreuses interdictions. Il s’agit entre autres de lois strictes concernant l’interdiction de jeter ses déchets en public, de réaliser des graffitis, de traverser la rue de manière imprudente, de cracher, de rejeter des mucus nasaux, d’uriner autre part que dans des toilettes (il est également interdit de quitter ces toilettes sans tirer la chasse d’eau).  

En 1995, lors de son indépendance, Singapour était un petit pays avec peu de ressources. Par conséquent, le Premier ministre Lee Kuan Yew a élaboré un plan de survie consistant à faire de cette ville-Etat « un oasis du premier monde dans une région du tiers-monde ». Ce plan fut un succès. En termes de propreté, d’efficacité des transports ou encore d’agencement des pelouses parfaitement tondues, Singapour dépassait les pays développés.

Tom Plate, auteur d’un ouvrage qui reprend ses conversations avec le Premier ministre de l’époque, explique que dans un premier temps, l’interdiction du chewing-gum était pour lui une énigme. « Mais j’ai fini par comprendre que la tendance à coller des chewing-gums partout était considérée par les autorités comme une attaque palpable contre l’ambition de perfection de Singapour », explique Plate.

« Il s’agissait d’un acte anti-utopique. Pour Lee Kuan Yew et son équipe, cette habitude dégoutante, courante à cette époque, était l’ennemi palpable du progrès. La manière d’aboutir à l’utopie était simple : tout simplement interdire les chewing-gums ».

Lee Kuan Yew, Premier ministre de Singapour pendant 31 ans, considérait qu’il existait une solution de politique publique pour tout domaine. « C’était un utopiste pragmatique qui, à son réveil, se demandait ce qu’il pouvait améliorer pendant la journée ».

Même si depuis 2004, les pharmaciens sont autorisés à vendre des chewing-gums sans sucre aux clients qui disposent d’une prescription médicale, il est encore rare de nos jours de voir des personnes en mâcher à Singapour.

« Singapour est trop propre, trop cher et trop surveillé », conclut Plate.

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