Le 11 juillet dernier, Virgin Galactic a volé la vedette à Blue Origin, en devenant la première entreprise spatiale privée à organiser un vol touristique. A son bord, il y avait notamment son fondateur milliardaire: Richard Branson. Début septembre, on a appris que la société faisait l’objet d’une enquête fédérale au sujet de la sécurité de son vol. Entre-temps, elle a vendu des centaines de millions de dollars d’actions.
Lors de ce premier vol spatial touristique très médiatisé – et en apparence sans accroc – l’appareil déployé dans les airs par Virgin Galactic avait rencontré des problèmes lors de son planage vers l’orbite terrestre, entrainant une déviation de sa trajectoire. Les pilotes ont été avertis par des voyants que la trajectoire de vol n’était pas bonne et que le nez de l’engin n’était pas suffisamment vertical pour atteindre la bonne altitude. Mais ils avaient poursuivi la mission.
Le 1er septembre, le grand public a appris que la Federal Aviation Administration (FAA) avait lancé une enquête sur le sujet. Et qu’elle avait décidé de clouer au sol l’avion et la fusée de Virgin Galactic jusqu’à ce que toute la lumière soit faite sur cet incident.
Des ventes massives qui posent question
Une fois que la FAA aura rendu son verdict, la firme de Richard Branson pourrait également faire l’objet d’une enquête de la Security and Exchange Commission (SEC), l’organisme fédéral en charge de la réglementation et du contrôle des marchés financier, nous apprend Business Insider.
Révélées il y a dix jours, les décisions de la FAA ont en réalité eu lieu bien plus tôt. L’enquête a débuté le 23 juillet, tandis que l’interdiction de vol a été décrétée le 11 août. Et Virgin Galactic a profité du délai entre celles-ci et leur divulgation pour écouler des centaines de millions d’actions.
Le 12 juillet, soit au lendemain du vol, Virgin Galactic a annoncé dans un document déposé auprès de la SEC qu’elle vendait pour 500 millions de dollars d’actions ordinaires. Ce document ne mentionnait nulle part qu’il y avait eu un incident lors du vol.
Rebelote le 13 août: Richard Branson a déclaré qu’au cours des trois jours précédents, il avait vendu environ 10,5 millions d’actions personnelles, soit une participation d’une valeur d’environ 300 millions de dollars. Là non plus, aucune trace du problème, ni de l’enquête de la FAA.
« Si votre produit risque de faire exploser les gens dans l’espace, il faut le signaler »
Contactée sur ces agissements suspects, Virgin Galactic a assuré que lors de la vente de ces actions, elle n’était elle non plus pas au courant de l’enquête lancée par la FAA et de sa décision de clouer son engin au sol. Richard Branson n’en avait pas été informé non plus, a assuré un porte-parole de l’entreprise.
Si cette explication est plausible, elle ne disculpe pour autant pas la société spatiale du fait qu’elle n’a pas fait mention de l’incident encouru lors de son vol. Elle aurait dû en parler dans ses documents déposés à la SEC, estime Stephen Diamond, professeur associé de droit à l’université de Santa Clara, spécialiste de la gouvernance d’entreprise, de l’activisme des actionnaires et des délits d’initiés.
« La société est censée divulguer toute information matérielle non publique, tout comme Branson », a déclaré M. Diamond à Business Insider. « Les questions clés auxquelles il n’est pas facile de répondre ici sont de savoir si la divulgation aurait été adéquate et si l’information était importante. »
« Je pense que la plupart du temps, si votre produit principal peut potentiellement faire exploser des gens dans l’espace, cela sera considéré comme important pour les investisseurs potentiels », a-t-il ajouté.
Si la FAA conclut que l’incident constituait bien un danger pour la sécurité des passagers du vaisseau VSS Unity, il y a fort à parier que la SEC fustige le fait que Virgin Galactic ne l’avait pas mentionné dans ses documents. Et qu’elle lance à son tour une enquête.
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