Le Vietnam n’hésite pas à défier la Chine sur la route d’un tiers du trafic maritime mondial

La mer de Chine méridionale attise l’appétit de Pékin, tant pour ses ressources que pour le contrôle des voies maritimes. Mais elle n’est pas la seule à avoir des revendications sur cette zone.

Pourquoi est-ce important ?

La tension est remontée d'un cran sur différentes frontières contestées par Pékin : soldats chinois et indiens s'affrontent dans l'Himalaya, Taïwan s'inquiète, et le Japon signale des mouvements suspects. Le Vietnam prend les devants.

Dans l’actualité : Le Vietnam a mené une expansion majeure des travaux de dragage et d’enfouissement dans plusieurs de ses avant-postes en mer de Chine méridionale ces six derniers mois. Une zone maritime contestée, revendiquée par la Chine – entre autres.

Des îles insignifiantes, mais capitales

  • Le Centre d’études stratégiques et internationales (CSIS) de Washington, un think tank américain consacré aux analyses stratégiques, a rendu publics mercredi ses travaux sur la situation dans les îles Spratleys.
  • Cet archipel de 14 petites îles coralliennes presque inhabitées parait insignifiant ; c’est pourtant un des points chauds des tensions sur la planète. Les alentours des îles Spratleys recèlent du pétrole, du gaz et les plus grandes zones de pêche de la région, et se situent sur la route maritime d’un tiers du trafic mondial.
  • Elles sont revendiquées par la Chine, mais aussi par Brunei, Taïwan, les Philippines, la Malaisie et le Vietnam.
  • Pékin est particulièrement entreprenant pour faire passer l’archipel sous son contrôle, et ainsi étendre sa domination hors de ses eaux côtières. Depuis 2013, la Chine travaille sur sa « grande muraille de sable« , un ensemble de projets d’îles artificielles et d’aménagements dans les détroits qui lui permettent de renforcer ses affirmations de souveraineté sur certains archipels. Mais visiblement le Vietnam riposte avec les mêmes arguments.

Le projet : En se basant sur des images satellites commerciales, le CSIS estime que Hanoï s’affaire sur l’extension des travaux de remblayage sur quatre sites et de nouveaux travaux de dragage sur cinq autres.

  • « L’ampleur des travaux d’enfouissement, bien qu’elle soit encore loin des plus de 3 200 hectares créés par la Chine de 2013 à 2016, est nettement plus importante que les efforts précédents du Vietnam et représente une avancée majeure vers le renforcement de sa position dans les Spratleys », indique le rapport, cité par The Guardian.
  • Selon Asia Maritime Transparency Initiative, un département spécifique du CSIS, les Vietnamiens non seulement agrandissent leurs avant-postes sur l’archipel, mais ils aménagent aussi un port dragué capable d’accueillir des navires de grande taille.

Les Vietnamiens ont l’habitude de gagner leurs guerres

Le contexte : un petit pays d’Asie qui a défié la Chine par le passé, et a gagné.

  • L’histoire du Vietnam au XXe siècle est ponctuée de conflits ; le moins connu chez nous est sans doute la troisième guerre d’Indochine, qui a opposé les deux régimes communistes d’Hanoï et de Pékin en 1979.
  • Il s’agit d’une expédition punitive chinoise dans le nord du Vietnam faisant suite à l’invasion et l’occupation du Cambodge – allié de la Chine – par le Vietnam en 1978. Ce conflit frontalier a duré du 17 février au 16 mars 1979 avant que les Chinois se retirent, s’estimant satisfaits. Mais les Vietnamiens réclament aussi la victoire, leurs troupes restant au Cambodge voisin jusqu’en 1989.
  • En quelques semaines, cette guerre a causé entre 20.000 et 50.000 morts de part et d’autre, selon les estimations. C’est la dernière offensive chinoise hors des frontières de l’Empire du Milieu, après une guerre victorieuse contre l’Inde en 1962. Depuis l’armée chinoise n’a plus agressé d’autres pays, du moins aussi directement.
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