La chute de la Chine en tant qu’usine du monde se poursuit et c’est en grande partie sa faute

Le statut d’usine du monde de la Chine s’effrite depuis un moment déjà, mais à un rythme très lent. Or, selon les données de fabrication et d’exportation, le phénomène s’est accéléré ces derniers temps, et la politique Zéro Covid en serait la cause principale.

Pourquoi est-ce important ?

La diminution des commandes et des exportations se poursuit en Chine. De sorte que sa domination mondiale pourrait être remise en cause. Cela représente une opportunité pour ses voisins asiatiques, mais également pour les économies qui cherchent à réduire leur dépendance extérieure.

Dans l’actu

  • La Chine perd des parts de marché dans la fabrication et l’exportation dans plusieurs secteurs clés, selon les données rassemblées par la société d’économie des transports MDS Transmodal qu’a pu consulter CNBC. Une situation qui mène à une nouvelle érosion de la domination de longue date du pays sur le commerce mondial et qui profite également à ses voisins asiatiques.
    • Pékin a en effet perdu du terrain dans des catégories de consommation clé telles que les vêtements et accessoires, les chaussures, les meubles et les articles de voyage, ainsi qu’une baisse de sa part des exportations de minéraux vers la bureautique.

  • La cause principale de cette accélération de cette tendance initiée il y a un moment déjà est tout simplement la politique Zéro Covid de la Chine.

« L’approche Zéro Covid de la Chine a un impact sur la production et les fabricants recherchent des alternatives à l’actuelle ‘usine du monde' »

Antonella Teodoro, consultante senior chez MDS Transmodal.

Le contexte

  • Les blocages des principaux lieux économiques chinois, notamment Shenzhen, ainsi que les perturbations au sein des chaînes d’approvisionnement dues aux mesures du gouvernement chinois contre le coronavirus ont véritablement poussé les clients de la Chine à se tourner vers l’extérieur.

  • La politique de Pékin n’est pas la seule responsable. Le contexte inflationniste actuel fait que les commandes et les exportations baissent. Tout coûte plus cher, la consommation diminue donc. Les magasins se retrouvent avec de grandes quantités d’invendus sur les bras. Et une amélioration ne semble pas encore se dessiner à l’horizon ; de quoi renforcer la tendance.

  • Une situation qui profite notamment au Vietnam. Sa proximité avec l’Empire du Milieu et sa main-d’œuvre bon marché en ont fait un candidat sérieux pour remplacer la Chine.  

  • Un statut que le pays a décroché bien avant la pandémie de coronavirus et l’inflation généralisée. En 2014, le Vietnam a commencé à investir dans son secteur maritime et manufacturier, taillant la part du lion de l’Empire du Milieu et attirant les clients.

  • À côté de cela, les tarifs commerciaux américains introduits en 2018 ont également poussé les fabricants à se tourner vers d’autres lieux d’approvisionnement que la Chine.

  • C’est ainsi que la Malaisie et le Bangladesh ont détourné la fabrication de vêtements de la Chine, alors que Taïwan a légèrement augmenté sa part dans la fabrication de métaux.

Les chiffres

  • La capacité mensuelle de transport de conteneurs au départ des ports chinois s’est fortement réduite début 2021, conséquence directe de la pandémie de coronavirus.

  • En septembre, cette capacité est ainsi tombée de 11,2 millions de conteneurs en 2021 à 8,6 millions cette année, soit une diminution de 23,2%, selon les données de la société de suivi de fret Project44.

  • D’ailleurs, des responsables logistiques s’attendent à ce que les commandes de fret provenant de Chine vers les États-Unis baissent encore de 40 à 50% en novembre.

« La combinaison de stocks excédentaires associée à une demande réduite continue de peser sur le volume des importations du Pacifique »

Alan Baer, ​​PDG d’OL USA

Et maintenant : quel est le prochain enjeu

  • Outre les difficultés liées à la politique Zéro Covid de Pékin, de nombreuses économies à travers le monde remettent en question leur dépendance vis-à-vis de la Chine. Les conséquences de la guerre en Ukraine n’ont fait que souligner le problème d’être hautement dépendant d’un pays – ici, la Russie et ses énergies. C’est pourquoi elles cherchent des alternatives, notamment en diversifiant leurs fournisseurs, ainsi qu’à se développer en interne.
  • Reste qu’il faudra encore de nombreuses années avant de voir l’usine du monde s’effondrer. Cette dernière occupe encore aujourd’hui une place centrale dans de nombreuses industries, notamment celle des voitures électriques.
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