Se dirige-t-on vers une fabuleuse invention scientifique ? On ne peut pas encore le clamer haut et fort, mais l’optimisme est de rigueur du côté des chercheurs. Les premiers résultats sont très prometteurs.
Depuis plusieurs années, des chercheurs, pour la plupart américains, travaillent sur un test sanguin capable de dépister des dizaines de types de cancer avant même l’apparition des premiers symptômes ou d’autres signes cliniques. Ils viennent de publier les résultats de leur dernière étude dans la revue Annals of Oncology.
La précision affichée jusqu’ici par le test sanguin est impressionnante. Son efficacité a été testée chez 2.823 personnes atteintes d’un cancer et chez 1.254 personnes non atteintes. Le dispositif a correctement identifié la présence d’un cancer dans 51,5% des cas, à tous les stades de la maladie. Et il n’a détecté un cancer à tort que dans 0,5% des cas.
Mieux encore: dans le cas des tumeurs solides pour lesquelles il n’existe pas d’options de dépistage (cancers de l’œsophage ou du pancréas, par exemple) la capacité à générer un résultat positif était deux fois plus élevée (65,6%) que pour les tumeurs solides pour lesquelles il existe des options de dépistage (cancers du sein, de l’intestin ou de la prostate, par exemple).
Au total, le test sanguin développé par les chercheurs s’est révélé capable de dépister plus de 50 types de cancer différents.
Comment ça marche ? Comme l’explique le Guardian, le test sanguin a été mis au point par les scientifiques en collaboration avec la société américaine Grail. Il est conçu via l’apprentissage automatique. Il fonctionne en examinant l’ADN rejeté par les tumeurs et retrouvé en circulation dans le sang, se concentrant sur les modifications chimiques de cet ADN, appelées schémas de méthylation.
Projet pilote imminent
Le dépistage précoce du cancer constitue une étape importantissime en vue de le prendre en charge à temps et donc d’offrir de meilleures chances de guérison.
« Ces données suggèrent que, s’il est utilisé parallèlement aux tests de dépistage existants, le test de détection multicancer pourrait avoir un impact profond sur la manière dont le cancer est détecté et, en fin de compte, sur la santé publique », a souligné le Dr Eric Klein, président du Glickman Urological and Kidney Institute de la Cleveland Clinic aux États-Unis et premier auteur de l’étude
« L’étude a été réalisée chez des patients dont le cancer avait déjà été diagnostiqué sur la base d’autres tests et cette technologie de dépistage doit encore être testée dans le cadre d’essais de dépistages réels avant d’être utilisée en routine », a précisé le Dr Marco Gerlinger, de l’Institute of Cancer Research de Londres et consultant en oncologie médicale au Royal Marsden NHS foundation trust « Mais elle permet déjà de jeter un coup d’œil sur la détection précoce du cancer à l’avenir, qui sera presque certainement construite autour des tests de biopsie liquide, qui détectent l’ADN du cancer dans la circulation sanguine. »
La prochaine étape du développement de ce test sanguin consiste en un projet pilote à large échelle. Il débutera cet automne et comprendra 140.000 participants. Il ciblera principalement des personnes présentant un risque élevé de cancer, notamment les patients âgés de plus 50 ans.
Les résultats de cette phase sont attendus pour 2023. Ils permettront aux chercheurs d’améliorer encore davantage l’efficacité de leur test sanguin.
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